CARNET DE ROUTE MAROC

DATE: 15 11 2010

LIEU
: MARTIL

KILOMETRES 40

TEMPERATURE: 15

ALTITUDE:

MARTIL
ALGESIRAS - MARTIL

Aujourd’hui nous quittons le continent Europe pour le continent Afrique, il nous faut faire vite pour prendre le bateau. A 7h00 nous sommes réveillés, plus d’électricité chez Morano, sommes dans le noir complet pour faire les bagages. Normal, à voir l’installation électrique de la pension, ça date un peu. Pas possible de sortir le vélo, la porte du garage est électrique, un peu d’inquiétude mais nous trouvons une solution avec Morano toujours dans sa robe de chambre, il faut voir le personnage, terrible comme la pension. Nous voilà sur la route du port, arrêt café et nous nous dirigeons vers la poste pour récupérer un paquet. La poste est encore fermée, nous posons notre destrier et attendons son ouverture. Une personne profite que nous tournons le dos à notre matériel pour nous piquer une gourde, le cyclo fonce dessus poing tendu pour récupérer son bien et il nous le rend aussitôt, ce sera notre seul mauvais souvenir en Espagne. Ouverture de la poste, le colis n’est pas arrivé mais Joan Diégo, qui vient lui aussi retirer un paquet, nous propose de nous accompagner chez l’affréteur du colis qui se trouve dans la zone industrielle à un quart d’heure en voiture. Là nous pouvons récupérer notre bien. Ouf ! Et encore merci à Joan Diégo, ce sera le dernier bon souvenir de l’Espagne, encore une personne prête à nous rendre service, de l’Espagne et des espagnols nous ne garderons que de bons moments. Retour sur le port pour acheter notre billet, il nous faut éviter les rabatteurs à l’entrée prêts à nous diriger dans une agence, afin de toucher leur commission sur les tickets. Le ticket nous revient à 19 euro pour le passage du détroit en direction de Ceuta. Embarquement, la traversée n’est pas longue et nous débarquons derrière un grand nombre de campingcaristes qui se dirigent tout droit sur Agadir et son soleil. Sortie de Ceuta et passage de la douane, début de l’anarchie, magouille et compagnie, petits rabatteurs, refourgueurs de fiches de douane, flots de voitures en tous sens, queues de poisson. On se trouve  coincés contre le trottoir, ici va falloir faire attention, finie la circulation tranquille de l’Espagne. Au Maroc plus de règles, chacun fait ce qu’il veut, à toi de te méfier. Nous suivons la route du bord de mer en direction de Martil pour passer la nuit au camping, premier contact avec une autre culture, va falloir faire vite pour décoder leur manières de penser et de nous percevoir. Le cyclo c’est la première fois qu’il vient au Maroc et pour lui c’est vraiment l’inconnu.


DATE: 16 11 2010

LIEU
: CHEFCHAOUEN

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 15

ALTITUDE:

CHECHAOUEN
MARTIL - CHEFCHAOUEN

Hier soir nous avons trainé en ville et déjà un aperçu des moeurs des marocains, on vient vite vers toi mais toutes les rencontres ne sont pas sincères, l’intérêt financier est souvent derrière. A toi de te méfier et de juger rapidement  la personne qui t’aborde, en général celle qui en fait de trop a une autre idée derrière la tête. Grosse étape de montagne aujourd’hui, on est frais et bien préparé mais déjà au départ une invitation à venir prendre le café de la part d’un campingcariste. Et nous voilà déjà en retard, mais  bon un café ça ne se refuse pas, un vrai café comme en France ça fait vraiment plaisir et taper la discute ça a du bon. On cherche la route de Chefchaouen  et nous tombons sur Antar Hamed, et rebelote ! Invitation à prendre le petit déj et Hamed il y tient, nous offre pain beurré et café au lait, un régal ! Et parler avec lui  est un grand plaisir, fallait le voir les larmes aux yeux parler de la France où il  était venu travailler. Bon cette fois ci le cyclo, tu fonces, plus d’invitation sinon on va finir l’étape la nuit tombée. On passe Tétouan difficilement, c’est la fête à  « Monsieur Mouton » et c’est le bordel, grand marché où tout le monde est venu choisir sa bête, ça commence bien niveau circulation car par deux fois on est obligé de se jeter dans le fossé, des camions doublent sur la ligne blanche et nous en face on ne fait vraiment pas le poids, conduisent vraiment avec halal au volant ! La route est magnifique mais assez difficile, le cyclo il peine un peu, surtout qu’il cherche à récupérer le temps perdu en discute. Pousse mon gros ! Tu vas bien finir par la gravir cette côte. Enfin Chefchaouen et la nuit tombe, la ville est en ébullition, demain on coupe la tête à «  Monsieur Mouton ». Tout le monde est dans la rue pour les derniers achats, dans chaque maison on entend bêler, balade dans une ville sous l’effervescence d’une fête qui se prépare, manifestation sous contrôle de la police et des services de sécurité. Ici c’est une monarchie, le droit à la parole est sous contrôle.


DATE: 17 11 2010

LIEU
: OUAZZANE

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 15

ALTITUDE:

OUAZZANE
CHEFCHAOUEN - OUAZZANE

Je réveille le cyclo de bonne heure pour profiter de la lumière du matin afin de prendre des photos. Il grogne un peu car hier l’étape a été très dure, 80 kilomètres de montagne ça a laissé des traces sur les cuisses. La ville est calme, c’est la prière du matin, les mosquées sont pleines, on part en procession à travers la ville en chantant, les femmes amènent le pain à cuire au boulanger. « Monsieur  Mouton » bêle encore, plus pour très longtemps ! A midi tout est fini pour lui, le sacrifice est fait, la tête et les pattes sont sur les braises et nous regagnons l’hôtel pour faire nos bagages.  Direction Ouazzane, encore une étape de montagnes assez difficile. Dès le début de notre parcours, une meute d’une dizaine de chiens nous bloque sur la route, babines retroussées ! Il faut faire face pour passer, les empêcher de t’encercler, les fixer du regard et parfois les charger, faire barrière avec le vélo. Ils sont vraiment féroces et vicieux mais on passe quand même, il a eu chaud aux fesses mon cyclo et son postérieur il y tient, car c’est vraiment difficile de faire du vélo avec une fesse abimée. Nous sommes en pleine campagne, pas grand-chose pour manger et de plus en ce jour de fête tout est fermé. Nous apercevons tout de même ce qui nous paraît être un café et nous en commandons un, mais je crois que mon cyclo il s’est gouré, ce n’est pas un café mais la personne nous le fait quand même. Un enfant apporte le dîner de notre hôte et le cyclo se le voit offrir, ce sont les abats du mouton : poumons, intestin et c’est délicieux avec un morceau de pain. Nous quittons notre hôte en lui glissant un petit billet, nous avons mangé son repas qu’il nous a offert de bon cœur. Enfin Ouazzane juste à la nuit tombée, un bordel en tous sens, la fête continue. Les rues grouillent de monde, on ne passe pas inaperçu, pas de touristes dans ce coin et trouver un hôtel ouvert en ce jour de fête est bien difficile. Deux sont fermés et pour le troisième faut négocier sec pour le prix. Coriace le patron ! Il sait qu’il est le seul ouvert mais on a réussi à avoir un petit prix en faisant mine de partir, c’était gonflé car il n’y avait plus d’autre solution pour passer la nuit.


DATE: 18 11 2010

LIEU
: FES

KILOMETRES 150

TEMPERATURE: 15

ALTITUDE:

FES
OUAZZANE - FES

5 heures, déjà l’appel à la prière. Si tu ne l’entends pas dans ton sommeil c’est vraiment qu’il est profond, mais de toutes façons nous voulions nous réveiller de bonne heure car l’étape que nous avons prévue est longue, 150 kilomètres et toujours le Rif. Les côtes vont s’enchainer, va falloir se donner à fond. Le patron nous ouvre la porte et nous filons sur la route de Fès à la première lueur du jour. Il ne faut pas forcer dès le début mais s’échauffer longuement afin de préserver ses forces jusqu’au bout. Rien d’ouvert sur cette route, on a juste trouvé du pain, des olives et un litre de coca. Pas facile de tenir la cadence quand le ventre fait des gargouillis, on fixe son compteur et la carte pour savoir ce qu’il nous reste à faire et ça, ce n’est vraiment pas bon. Tu trouves le temps long, tu guettes les bornes kilométriques, ça ruine le moral. Milieu d’après-midi, pneu crevé à l’entrée d’un village, les deux sorties de route que nous avons faites avant Chefchaouen ont dû faire du mal à la chambre à air.  Il nous faut la réparer mais il ne nous reste plus qu’une rustine et des rustines de chez Décath, toutes petites, pas terrible à coller. Heureusement j’en trouve à la boutique du village, ça se vend à l’unité 1 Dirham, j’en prends quatre on sait jamais. Un gamin se propose de la réparer, le cyclo le laisse faire car il s’impose tellement qu’on ne peut pas refuser. Malin le gamin ! Il a repérer notre outil et profite de l’inattention du cyclo pour le mettre dans sa poche, nous sommes bons pour en racheter un autre. On repart,  il ne nous reste plus que 50 kilomètres et là on ne traine pas, faut arriver avant la nuit. Mais manque de chance, le pneu ne résiste pas et à 15 kilomètres de Fès, de nouveau à plat, faut finir à pied car dans le noir et sur le bord de la route pas moyen de réparer. Difficile de finir, les pattes du cyclo sont hors service et pousser le vélo dans le noir à la recherche du camping n’est pas facile mais nous y parvenons tout de même. Dès notre arrivée on file au resto du camping. Les serveurs nous ont regardés avaler notre dîner en se marrant, un vrai glouton ce cyclo, il a rien laissé et encore il avait faim en sortant du resto ! Le « camping du diamant vert », vert oui, la moisissure dans les toilettes mais pour le reste je crains que ce ne soit pas  des diamants. On n’a pas tardé pour monter la tente et se coucher, tellement fatigués par notre journée, le cyclo s’est mis aussitôt à ronfler comme un bienheureux, et pas de rêves de balades en vélo !


DATE: 19 11 2010

LIEU
: FES

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 15

ALTITUDE:

fes
FES

Première tâche en se réveillant ce matin : réparer notre chambre à air, démontage du pneu, collage de rustine, il commence à en y avoir une belle collection dessus. On remonte le tout et on vérifiera ce soir si le gonflage du pneu a tenu. Visite de Fès, le camping n’est pas tout proche du centre ville et nous prenons le bus pour nous y rendre. Faut voir les bus marocains, sûr qu’il n’y a pas de contrôle technique, ça roule tu te demandes comment. Trous dans le plancher, portes qui se ferment difficilement, plus de suspension. Tu paies ou tu ne paies pas, les contrôleurs s’en fichent. Trois dirhams le ticket pour se retrouver en centre ville, tu pries un peu pour y être. Fès nous déçoit, pas grand chose à voir, la ville aux mille mosquées est triste et délabrée. Certains quartiers sont de véritables bidonvilles, les chiffonniers sur leur charrette récupèrent ce qui peut l’être. Les souks sont en partie en ruines, des renforts pour tenir les maisons qui menacent de s’effondrer, les boutiques des artisans sont en grande partie fermées pour la fête de « Monsieur Mouton », pas de plaisir à visiter la ville. Retour au camping en taxi pour 50 dirhams et nous nous incrustons chez nos voisins, un groupe hétéroclite en âge et en nationalité, une vingtaine de personnes qui ont pris un billet pour faire un tour de l’Afrique en 40 semaines à bord d’un camion tous terrains. Il y a des australiens, des anglais, des canadiens, des néo zélandais et des Hollandais. Ils ne se connaissaient pas avant le départ et chacun partage l’aventure et les tâches matérielles. Une petite bière avec eux nous a permis de voir leur groupe qui semble en cohésion et bien soudé pour partager leurs périples. On revérifie notre pneu et là encore dégonflé, redémontage et nous employons les grands moyens, on bouche un lavabo des toilettes et on y plonge la chambre à air. Il y a encore un trou minuscule, une rustine et on souhaite que ce soit le dernier. Demain on verra bien si ça tient, il y a juste 70 kilomètres à faire pour rejoindre Méknes.

adresse internet :http///www.oasisoverland.co.uk


DATE: 20 11 2010

LIEU
: MEKNES

KILOMETRES 70

TEMPERATURE: 15

ALTITUDE:

fes
FES - MEKNES

En route pour Meknès avec  la trouille de voir notre pneu se dégonfler, on évite tous les trous et les caillous, pas facile ici avec les routes en très mauvais état. De plus, il nous faut faire attention à la circulation et ici le cyclo ne connaît pas leur code de la route publié aux éditions Inch allah ! Il ne l’a jamais lu. Les marocains conduisent comme bon leur semble, sans règles, à toi d’interpréter et de faire attention. Le pneu tient à mon grand soulagement, ouf ! Enfin tous les trous sont bouchés mais on fait attention, dès que l’on sort de la route on descend du vélo. Je veux plus finir mon trajet à pied, il faut tenir jusqu'à Rabat avec cette chambre à air. Arrêt repas dans un village, on commande notre viande directement à un boucher et une personne se charge de nous la cuire, un véritable festin, pour trente dirhams tu as trois cents grammes de viande, un pain et un thé. Tu manges entre les carcasses de viande, un vrai décor sans fleur ni nappe sur la table. Arrivée à Meknès et pour cette fois çi sans aucun problème, la ville est beaucoup plus facile niveau circulation par rapport à ce que nous avons connu avant. Très facile de trouver notre hôtel où nous retenons une chambre pour deux nuits. Les bagages montés et hop en ville, de suite nous ressentons une grande différence concernant nos rapports avec les gens, ils sont beaucoup plus sympathiques que dans le Rif, pas d’agressivité comme parfois nous avons pu le percevoir. Et en plus la plupart des gens parle le français, donc facile de pouvoir converser avec tout le monde. La pluie se met à tomber en fin de nuit et nous rejoignons notre hôtel malgré notre grande envie de rester dans la rue pour observer la société marocaine. Au lit le cyclo ! Demain tu auras le loisir de voir Meknès au grand jour.


DATE: 21 11 2010

LIEU
: MEKNES

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 15

ALTITUDE:

MEKNES
MEKNES

Meknès !  Là commence le Maroc, on se sent tout de suite mieux, les contacts avec les gens sont plus agréables et, de très bonne heure, nous sommes déjà dans la rue pour voir ce que nous avions aperçu hier dans la soirée. Un bon petit déj avec du pain et des olives,  nous nous régalons car les olives et le pain d’ici sont vraiment excellents. Nous sommes sur la place El-Hedine face a la porte Bad Mansour, il y a un monde fou sur cette place, pas des touristes mais les habitants de Meknès  et nous pouvons voir oh combien la société marocaine est diversifiée, un pied dans le passé, un pied dans l’avenir, les gens en costume traditionnel et ceux habillés à l’occidental, visage coloré  et peau claire, femme libérée et sexy ou femme voilée, riche ou pauvre. Les bidonvilles côtoient les remparts, petits métiers divers, vendeurs de cigarettes à l’unité, cireurs de chaussures, marchands ambulants de fruits, de pains, de glands (on a essayé d’en manger c’est pas bon !). Ici c’est le lieu de la débrouille pour vivre ou survivre. Nombreux commerces de toute sorte dans lesquels vous trouverez sûrement l’article que vous cherchez, il faut fouiller,  passer de boutique en boutique mais on revient avec le produit que l’on cherchait. D’ailleurs le cyclo il a trouvé ses chambres à air pour 22 dirham, des japonaises mais de meilleure qualité que chez décath. La journée passe vite, il y a tellement à voir, regarder les marocains vivre. Essayer de comprendre comment fonctionne leur société pour assouvir notre curiosité ne nous laisse pas de  répit,  les rites et coutumes marocaines  ne sont pas toujours compréhensibles  pour un occidental, ne pas être juge de leur mode de vie mais simplement un observateur. Ne seraient-ils pas surpris de nos coutumes eux aussi ? Par exemple chez nous, nous ne connaissons pas notre voisin et on ne lui dit jamais bonjour, ici  on se parle, on se connaît et on est solidaire. Rencontre avec Aziz, il me propose un café, bavardage ensemble sur la terrasse, un bon moment de dialogue avec lui. Ecrivain poète, il me parle du Maroc et de Meknès avec passion. Je le quitte pour rejoindre mon hôtel mais sur le chemin, des chants religieux me retiennent, la mélodie est jolie et je demande à la personne qui est devant la porte ce que c’est. Il me répond que sa mère est décédée il y a 40 jours et qu’ils font la « sadak », on se sent un peu gêné et nous nous excusons mais lui nous invite à la cérémonie. Repas à la mémoire de la défunte, nous sommes tous réunis autour d’une table pour partager un tagine de poulet suivi d’un tagine de mouton, puis table desservie et dressée à nouveau, on mange une deuxième fois. Chacun se sert dans le plat et les meilleurs morceaux sont mis devant le cyclo, on le gave  à ne plus pouvoir. Magnifique coutume que de chanter et de manger pour honorer la mémoire d’un disparu ! Deux heures du matin : on rentre à l’hôtel avec un mal de ventre, s’endormir avec la joie de cette soirée partagée fut difficile, si les marocains sont tous comme ça, le voyage risque d’être très riche.


DATE: 22 11 2010

LIEU
: RABAT

KILOMETRES 135

TEMPERATURE: 20

ALTITUDE:

AMINA
MEKNES - RABAT

Réveil brutal pour le cyclo, sept heures trente ! On n’a pas tout digérer ce que l’on nous a fait manger hier, je sens que mon cyclo va avoir beaucoup de mal à pédaler, pas de Badoit pour digérer, on a l’estomac fatigué. Le cyclo n’a jamais autant mangé, mais les gestes d’amitié d’hier lui ont donné un moral d’acier. A nous le Maroc ! Ici on nous souhaite la bienvenue, l’hospitalité n’est pas un vain mot, gestes et sourires d’amitié sont nombreux sur notre route, c’est comme si des ailes avaient poussé dans notre dos et nous facilitaient le parcours. C’est donc dans la joie que nous roulons vers Rabat, le kilométrage ne nous fait pas peur, cent trente kilomètres à avaler aujourd’hui. Ce sera fait en sept heures, juste un arrêt dans une dibiterie pour manger des brochettes et prendre un thé. A peine attablé, on nous pose plein de questions et comment vous trouvez le Maroc ? Soyez le bienvenu ! Admiration sur notre voyage à vélo, on nous souhaite une bonne route, on regrette que nous ne restions pas sinon demain il faut venir manger à la maison, trop d’invitations de gens simples, heureux d’échanger un sourire. Ne cherchez pas à comprendre, c’est trop loin de nos habitudes d’occidental, au Maroc c’est comme ça, le cœur sur la main envers son prochain. Si toi aussi tu viens au Maroc, voyages simplement, fais des rencontres, mêles toi à la population avec le sourire sur tes lèvres et tu seras rempli de bonheur à échanger avec eux. Des convoyeurs de fond de la Brinks garent leur camion devant le resto, ils nous proposent de partager avec eux leur tajine. Le cyclo refuse, on doit reprendre la route, arriver à Salé avant la nuit. Le paysage est joli et on fini notre parcours dans une forêt de chênes liège, le seul regret ce sont les plastiques qui envahissent les bords de route, l’écologie au Maroc n’est pas encore à l’ordre du jour et c’est un peu dommage de voir la nature abimée par ces déchets. Nous sommes enfin arrivés à Salé, reste à trouver Amina, notre hôte pour cette étape et Irène. Pas facile dans cette grande ville,  mais quelques coups de téléphone et nous sommes réunis, je retrouve Irène qui a eu un accident avec son vélo sur la route de Rabat. Pas étonnant, la conduite des marocains est vraiment terrible. Je découvre en Amina un véritable personnage et pour mon cyclo, ce sera une vraie maman.


DATE: 23 11 2010

LIEU
: RABAT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 20

ALTITUDE:

COUSCOUS
RABAT

Amina ! Et oui, je commence ma journée en vous parlant d’Amina car pour nous, Rabat ce sera Amina. Un cœur gros comme ça Amina, elle est heureuse de nous ouvrir sa maison et de nous accueillir, fait tout ce qui est possible pour que nous soyons bien chez elle, nous fait  manger ses meilleurs plats, couscous, tajine, soupe, elle fait même notre lessive et t’as pas intérêt à dire non ! Le cyclo a fait lui même sa lessive et elle la refaite derrière lui, un homme n’est pas capable de bien faire son linge, et toc dans les dents mon cyclo ! Elle nous fait visiter son quartier, on la salue à son passage, certains jeunes lui embrassent la main en signe de respect. Elle  nous accompagne dans les boutiques, nous guide à Rabat et nous fait visiter tous les monuments. Elle nous demande à chaque instant si ça va, si on est bien, s’inquiète de notre santé, une maman pour nous ! D’ailleurs le cyclo c’est comme ça qu’il l’appelle pour rigoler. Amina, elle a été toute sa vie femme de ménage pour des européens installés à Rabat, quelques uns sont devenus ses amis, pas tous mais seulement ceux qui ont su apprécier sa gentillesse.  L’année dernière, elle a voulu venir en France visiter ses anciens patrons et amis, elle est allée à l’ambassade faire les démarches pour obtenir un visa, a donné son passeport et soixante cinq euro. Elle est revenue le lendemain le récupérer et derrière un guichet, sans un mot, on lui a rendu son passeport avec un refus mais pas son argent, l’argent il est dans la poche de l’état Français, elle n’est pas la bienvenue chez nous, en France nous ne pourrons jamais lui rendre la politesse de son accueil, on ne peut qu’avoir un peu honte de nous mêmes. En milieu d’après midi, nous passons à l’ambassade de Mauritanie, trop tard elle est fermée, on reviendra demain. Visite de Chellah où nous pourrons admirer le retour des cigognes à la nuit tombée et retour à Salé pour déguster un monumental couscous ensemble. Eh le cyclo ! On se sent bien chez Amina ? Oui, mais Amina elle peut venir me voir quand en France ?


DATE: 24 11 2010

LIEU
: RABAT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 20

ALTITUDE:

RABAT
RABAT

Là faut pas être en retard à l’ambassade, notre chauffeur de taxi est devant chez Amina à neuf heures, un gars super patient et sympa qui nous conduit partout où nous voulons. Neuf heures trente, ambassade de Mauritanie. Il y a foule, tout le monde s’inquiète de savoir si son visa sera accordé, faut faire la queue, ne pas être pressé et on fini par nous donner nos passeports. Nous aurons la réponse cet après midi vers trois heures. Amina continue de nous faire visiter Rabat, elle aime son pays et veut à tout prix que nous l’apprécions. Nous passons voir la tour Hassan et le mausolée Mohammed V, puis la kasbah des Oudaias, un lieu superbe fait de ruelles où il est bien agréable de se balader. Eh, vite mon cyclo ! Il est trois heures, faut retourner à l’ambassade pour avoir nos visas. Ouf, c’est ok pour traverser la Mauritanie avec nos vélos, plus de souci pour finir notre voyage. Pour terminer notre journée, nous irons à la campagne visiter des amis d Amina, une famille de paysans qui vit très simplement de leur culture. Ils sont heureux de nous accueillir et de nous offrir le thé, nous font des galettes de pain arrosées de miel. Ils vivent pauvrement mais tiennent à accueillir leurs hôtes de leur mieux, ils vivent dans le dénuement total avec le sourire et sont heureux de partager ce qu’ils ont avec ceux qu’ils reçoivent. Nous continuons la visite des amis, d’autres paysans, mêmes sourires à notre visite. On nous offre le thé et il faudra venir demain pour manger, pas question de refuser ! On risque de vexer et ça fait plaisir au cyclo ces invitations, car ça lui permet de mieux approcher les marocains et de pouvoir échanger quelques mots, c’est ça que nous sommes venus chercher dans notre voyage, le contact avec la population afin de nous ouvrir l’esprit. Retour à Salé, Amina nous prépare à manger, s’inquiète de savoir si notre journée nous a plu. Oui Amina, ma journée m’a plus j’ai vu le Maroc, tu m’as montré ce que je voulais voir, ici c’est la chaleur humaine qui règne. Bienvenus au Maroc, faîtes comme chez vous !


DATE: 25 11 2010

LIEU
: RABAT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 20

ALTITUDE:

RABAT
RABAT

Un bon programme pour aujourd’hui, Amina nous emmène encore en visite à Rabat. Notre chauffeur de taxi, toujours aussi souriant et serviable, vient nous prendre pour nous conduire au musée archéologique, un des plus beaux musées du Maroc. Bon, ça ne vaut pas nos musées en France mais la visite est quand même intéressante, de nombreuses pièces y sont présentées de la préhistoire à la conquête musulmane, résultat de fouilles sur tout le pays et plus particulièrement sur le site de Volubilis. Puis nous faisons la visite de la Villa des Arts où se tient une rétrospective  André Elbaz, et justement le peintre est là et nous pouvons discuter un peu avec lui. Un tour rapide au souk, puis nous allons manger chez les amis d’Amina. Un accueil chaleureux nous attend, on va manger dans la pièce commune qui sert aussi de chambre pour toute la famille. Tapis et peaux de mouton sur le sol, deux tables basses et une armoire, voilà toute la richesse de la famille. On vit de pas grand-chose, les enfants travaillent et ramènent leur salaire à la maison, la maman est partie aux champs pour le désherbage de la coriandre, sa journée de travail lui rapportera  quarante dirham (on divise par dix, on a le salaire en euro). Ils ont tué deux poulets pour le repas et nous mangeons tous ensemble, assis par terre, piochant chacun avec les mains dans le plat. Ca rigole à table, le cyclo n’est pas doué pour manger avec ses doigts, nous passons tout de même un bon moment avec eux et ils veulent nous garder pour le soir, mais Amina nous a préparé une épaule de chevreau en tajine avec des amandes. Nous les quittons, ce fut un plaisir de passer la journée avec eux. Leur vie est dure mais ils gardent la joie de vivre en famille.


DATE: 26 11 2010

LIEU
: RABAT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 16

ALTITUDE:

RABAT
RABAT

Journée de repos et de préparation à notre départ vers Casablanca. On traîne toute la matinée à préparer nos bagages et notre itinéraire que nous modifions un peu, car Irène ne se sent pas d’attaque pour aller aux sources d’Ouzoud.  Réparation du vélo d’Irène, le pneu est mal monté, le taxi vient nous chercher pour nous amener dans un garage où nous pourrons le gonfler à la pression souhaitée. Enfin elle est rassurée, son vélo est en état pour finir le voyage car il a été bien amoché suite à un accident qu’elle a eu sur la route de Tanger à Rabat. L’après midi nous la passerons à visiter la Médina de Salé, gâchée par un faux guide qui nous tiendra la jambe tout le long. Impossible de s’en débarrasser, il attend une pièce de notre part qu’il n’aura pas, tellement nous sommes en colère qu’il nous ait importunés ainsi ! Et ceci d’autant plus qu’Amina est une ancienne habitante de la Médina de Salé et que nous n’avions pas besoin de ses conseils pour faire la visite. Retour chez Amina, elle nous a préparé un dernier repas, demain nous allons la quitter. La soirée est un peu triste, nous avons passé un bon moment en sa compagnie et nous souhaitons pouvoir bientôt l’accueillir chez nous, si l’ambassade de France lui accorde son visa, juste retour des choses que de la voir à Paris et de lui faire visiter notre pays. On se couche de bonne heure, demain on reprend le vélo. Après un arrêt si long, comment va être la reprise ?


DATE: 27 11 2010

LIEU
: RABAT

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 16

ALTITUDE:

MOHAMMEDIA
RABAT - MOHAMMEDIA

On reprend la route le cyclo, tu es content ? Oui et non, ici on était de véritables pachas, les doigts de pied en éventail. On s’est laissé dorlotés par Amina, elle était heureuse de nous faire plaisir, de nous préparer ses petits plats. On a mangé et dormi pour nous remettre de la première moitié de notre voyage, elle nous à redonné des forces pour affronter la seconde partie.  On devient vite fainéants, dorlotés comme on a été. Amina remplit nos sacoches de nourriture, on ne sait plus où  mettre tout ça et le poids du vélo s’en ressent. Faut pas dire non à Amina, on va la vexer. Nous lui disons au revoir, non sans un petit pincement au cœur et prenons la route de la côte en direction de Casablanca. Le vent souffle et nous ralentit, le cyclo est devant et Irène derrière pour être à l’abri du vent. Pas trop de circulation, nous sommes samedi, c’est beaucoup plus tranquille, ce sera parfait pour une reprise. Il y a de belles maisons sur le bord de la mer, villas de la bourgeoisie marocaine avec golfe, piscine et boîte de nuit !  Même le roi y a encore un palais, c’est le troisième que nous voyons. Il y a aussi des bidonvilles, parfois pas loin de ces villas, étrange contraste que ces lieux sordides faits de tôles et ses somptueuses demeures. Un arrêt dans un restaurant un peu chic pour manger, nos voisins de table nous abordent et nous posent des questions sur notre voyage. Leur plus grand étonnement est d’apprendre que nous faisons ce  voyage à vélo depuis la France et, au moment de reprendre la route, ils paient l’addition ! Sympa  le geste, encore une invitation marocaine ! Le vent souffle de plus belle, pas moyen de dépasser les douze kilomètres heure, on fatigue sans beaucoup avancer. Arrivés à Mohammedia, ça se transforme en véritable tempête. Nous décidons d’abandonner et de trouver un refuge pour la nuit. Pas beaucoup d’hôtels ici. Dans le premier, les chambres sont à six cents dirhams, le deuxième est complet, nous nous posons dans un café et le patron nous trouve un petit « magouilleur » qui nous propose des appartements. Le cyclo va en visiter trois, système de sous location embrouille et magouille. Les apparts ne plaisent pas au cyclo, où va t-on coucher ce soir ? La pluie se met à tomber en déluge, le « magouilleur » nous propose de visiter un dernier appart. Le cyclo va voir et là, c’est un véritable palace ! On négocie le prix, le cyclo tient bon et pour quatre cents dirham le marché est conclu. Une nuit dans une suite royale, un véritable cinq étoiles ! Demain nous pourrons faire les quelques kilomètres qu’il nous reste à faire pour rejoindre Casablanca, si la tempête s’est calmée.


DATE: 28 11 2010

LIEU
: CASABLANCA

KILOMETRES 30

TEMPERATURE: 18

ALTITUDE:

CASABLANCA
MOHAMMEDIA - CASABLANCA

Finie la tempête, plus de vent ce matin. Nous reprenons  la route direction Casablanca, il ne reste qu’une trentaine de kilomètres à parcourir. Le plus difficile est de se diriger car il y a peu de panneaux de direction, et le nom des rues est rarement indiqué. Heureusement il y a les marocains pour nous montrer le chemin. Il arrive quelquefois qu’ils nous indiquent la route bien avant qu’on le leur demande, si ça continue vont même vouloir pédaler à notre place !  Nous sommes à Casablanca en moins de deux heures et devant l’entrée de la médina, il ne  nous reste plus qu’a trouver l’hôtel. Abdallah vient à notre rencontre en nous voyant chercher une adresse dans notre guide touristique. Il  nous guidera jusqu'au lieu que nous cherchions et finira par rester avec nous toute la journée. Un drôle de personnage que cet Abdallah, orphelin élevé dans un orphelinat pendant le protectorat. Devenu photographe de presse, il quitte le Maroc pour travailler en France dans le social, puis retour à Casablanca pour sa retraite. Aujourd’hui, à soixante quatorze ans, il traîne dans la Médina où il est connu de tous les gens qui fréquentent les lieux. Personnage pittoresque de Casa, un peu philosophe, il ne manque pas d’intérêt et d’humour. Les boutiques de la ville sont fermées car il y a une manifestation organisée par l’état, suite aux troubles qui ont eu lieu dans le Sahara Occidental. Alors Abdallah nous emmène  au marché central pour pouvoir y manger et c’est nous qui invitons. Enfin nous offrons un repas à un marocain et pas l’inverse ! Après manger nous laissons Irène avec Abdallah qui a envie de voir la manif. Nous préférons visiter la ville et sa grande mosquée, je ne retrouverais Irène qu’en fin d’après midi dans un café à l’intérieur de la Médina, toujours en compagnie d’Abdallah et de deux jeunes, Ils font partie de la jeunesse dorée de Casa. Enfants de l’élite locale, ils ne font rien, vivent aux dépends de leurs parents. Leur principale préoccupation est de trouver du shit à fumer, ils commencent seulement à se poser des questions sur leur avenir, la crise ayant mis quelque peu les parents dans l’embarras. Ils nous font faire en soirée le Casa by night ; traversée de la ville en voiture, vue sur la falaise de Casa, les boîtes de nuit, clubs et piano bar, les somptueuses villas avec gardien à l’entrée. Ils connaissent toutes les bonnes adresses mais nous irons dîner de sandwichs aux crevettes tous ensemble, au milieu d’une cité. Fin de soirée, il pleut sur Casa, Abdallah nous raccompagne à l’hôtel. Nous aurons passé une bonne journée en sa compagnie et demain, il sera encore là pour nous guider dans Casa.


DATE: 29 11 2010

LIEU
: CASABLANCA

KILOMETRES

TEMPERATURE: 12

ALTITUDE:

CASA
CASABLANCA

Nous sommes bloqués à Casablanca, la pluie tombe, un véritable déluge sur la ville qui n’est pas faite pour évacuer autant d’eau. Les ruelles de la Médina se transforment en torrents, les trottoirs sont glissants, des déchets jonchent le sol et tu ne sais plus où poser tes pieds. Abdallah passe à l’hôtel  nous chercher pour nous guider dans Casa, afin d’acheter du matériel pour les vélos. Pas évident ici de trouver ce dont nous avons besoin, d’abord le vélo est un moyen de transport peu utilisé ici et la plupart des vélos que nous voyons datent de plusieurs années, alors il nous a fallu parcourir des kilomètres pour trouver une gourde, deux chambres à air et un peu d’huile pour la chaîne. Pour la trousse à outils que nous nous sommes faite volée dans le  Rif, pas moyen d’en trouver malgré le nombre de boutiques  que nous avons faites, Le cyclo maudit les mômes qui la lui ont piquée car aujourd’hui sous la pluie, bien trempé, il se rend compte de l’importance de ce matériel qui lui fait défaut maintenant. On  l’a fait marcher, Abdallah, malgré ses soixante quinze ans ! Mais il n’a pas voulu que l’on prenne un taxi, il est content de nous rendre le service, il n’y a pas chez lui l’idée de récupérer quelques dirhams, seulement celle de nous apporter son aide et ses bons conseils. Et en plus, c’est un véritable guide touristique car il connaît l’histoire de Casa mieux que quiconque. Si vous passez par là, vous le trouverez au café du port à l’entrée de la Médina. Passez le voir, il ne demande qu’à parler aux touristes de passage et les conseiller lui fait plaisir. Nous allons dîner au marché central, là tu y trouves toutes sortes de restos pas chers, surtout des restos de poisson. A l’intérieur de ce marché couvert, il y a aussi de nombreuses boutiques alimentaires. On y propose de déguster des huitres et il y a même un charcutier. Trouver du cochon en plein pays musulman, un miracle ! La pluie ne cesse de tomber, c’est un peu rageant de devoir rester ici, on souhaite partir sur Marrakech mais par ce temps, impossible de prendre la route, trop dangereux. Il nous faut rester encore une journée de plus, le cyclo tourne en rond, c’est du temps perdu pour la suite du voyage. De Casa on en a vite fait le tour, se trouver coincé ici le met en rage. Maudite météo !


DATE: 30 11 2010

LIEU
: CASABLANCA

KILOMETRES

TEMPERATURE: 12

ALTITUDE:

CASA
CASABLANCA

Il pleut, il pleut encore sur Casablanca ! Pas une petite pluie fine, non, des trombes d’eau ! Les routes autour sont coupées, plus d’électricité dans certains quartiers, les terminaux bancaires ne fonctionnent plus. Comme on l’apprendra aux infos, soixante pour cent des entreprises de la ville sont hors d’usage et on déplore des morts et des disparus. Il y a aussi des personnes qui se retrouvent sans maisons, elles ont été détruites par les crues et les écoles sont fermées. Ca fait deux fois durant notre voyage que nous passons sur des lieux de catastrophe météo, la première était  en Espagne à Malaga mais ici c’est l’apothéose ! Il est tombé en une seule journée l’équivalent de six mois de pluie, ça laisse à réfléchir sur le réchauffement climatique. Nous sommes donc contraints de rester une deuxième journée, pas moyen de reprendre la route et de plus dans notre hôtel minable ça mine le moral, car il est vraiment pas terrible cet « hôtel de la victoire » : toilettes immondes, douche froide, chambre exigüe qui prend l’eau de toutes parts et, en prime, la mosquée est à côté. Celle-ci doit avoir quelque chose de particulier car à cinq heures, appel à la prière et récitation d’un verset du coran ! Le cyclo, il prie pour qu’il la ferme car ça dure presque une demie- heure. Foutu Allah agbar, faut lui couper la langue à ce crétin brailleur ! En plus Irène est malade, une tourista carabinée, bien rageant pour elle qui prend toutes les précautions. Le cyclo lui, il s’en fout, il mange dans les bouibouis, boit l’eau des fontaines de la ville, mais s’il continue comme ça, ça lui pend au nez de se retrouver dans la même situation. Bien fait pour lui, il se sent invulnérable et bien quand je le verrais courir aux toilettes, je vais bien me marrer ! On fait passer le temps en allant au bistrot, le cyclo discute avec des jeunes, veut savoir ce qu’ils pensent car leurs discours sont parfois déroutants. En exemple cette phrase «  nous avons la chance d’avoir un roi alors que vous avez une démocratie, oui notre roi reste toujours au pouvoir alors que vous, vous changez toujours de président ». Il y a aussi leur vision des femmes, pas sur le chemin d’une émancipation et d’une équité, le poids des traditions, l’islam empêche de voir un autre monde et pourtant la télé diffuse des programmes occidentaux. Il y a aussi cette ferveur patriotique à la limite du fanatisme. Quand le pouvoir organise des manifestations, on court agiter des drapeaux avec fougue, pas de discours dissonant, on retrouve les mêmes pensées chez chacun d’eux et cela malgré le niveau d’études. Fin de journée, encore une nuit dans cet hôtel minable, demain on part, tant pis pour la pluie.


DATE: 01 12 2010

LIEU
: BARRECHID

KILOMETRES

TEMPERATURE: 12

ALTITUDE:

BERRECHID
CASABLANCA - BARRECHID

Toujours un ciel  gris et chargé, une pluie fine tombe mais nous partons quand même, on ne tient plus en place dans l’hôtel. Un tour au cyber pour mettre le site à jour, on fait les réservations pour le vol de retour à Dakar, à midi le destrier est prêt. On va vite dire au revoir à Abdallah et à nous la route de Marrakech ! Casablanca n’est pas facile pour la circulation en vélos et les inondations n’ont rien arrangé. Foutu bordel ! Le cyclo est tendu, il faut se méfier de tout. Portière qui s’ouvre, taxi qui charge ou décharge des clients, faut ouvrir l’œil car le rétro pour les marocains il ne sert pas, ou peut être pour madame quand elle arrange son foulard sur sa tête ? Douze kilomètres pour sortir de la ville, c’est quand même la plus grande ville du Maroc,  pas beaucoup de panneaux pour nous indiquer la bonne direction. Nous nous retrouvons à la sortie de ville, un peu égarés, les casablancais se trouvant incapables de nous indiquer le bon chemin. Mais nous finissons par trouver enfin la bonne route et, à la nuit tombée, nous n’avons parcouru que cinquante kilomètres jusqu'à Berrechid. C’est peu,  mais ça  fait un bien fou  de rouler malgré la pluie. Reste à nous trouver un coin pour dormir dans cette ville, il n'y a aucun d’hôtel. Arrêt dans une station service, on demande au patron s’il aurait un petit coin pour passer la nuit. Il nous propose de rester dans son resto pour ce soir. Super ! On est abrité, il fait chaud et malgré un confort relatif, on se trouve bien mieux que dans notre hôtel de Casa. Un super hébergement gratuit et surtout pour Irène qui est malade, un lieu avec le minimum de confort. Une bonne journée qui nous a redonné le moral malgré la pluie, le vent, la circulation infernale. Il nous suffit de reprendre le guidon du vélo entre les mains et de rouler pour se sentir mieux. Une bonne nuit sans Allah agbar, le patron nous enferme dans son resto, demain il viendra nous ouvrir. Nous nous endormons rapidement, heureux d’avoir repris le chemin de l’aventure.


DATE: 02 12 2010

LIEU
: SKOUR-REHAMNA

KILOMETRES

TEMPERATURE: 12

ALTITUDE:

SKOUR_REHAMNA
BARRECHID - SKOUR-REHAMNA

A huit heures trente, Bachir, le patron du bar vient nous ouvrir. Nous sommes réveillés depuis longtemps et le cyclo en a profité pour réparer la crevaison d’hier soir. Eh oui ! Cinquième crevaison et cela malgré des pneus anti crevaison, mais les routes ici ne pardonnent pas, trous et cailloux abiment les pneumatiques. Nous prenons notre déjeuner dans le bar, remercions Bachir de sa gentillesse et de nous avoir logés pour la nuit et en route. Nous nous retrouvons avec un vent de face et des montées légères. La progression n’est pas facile, nous ne roulons qu’a douze kilomètres heure, Irène n’est pas trop vaillante, sa tourista n’est pas guérie. Arrêt a Settat pour manger, seulement trente kilomètres parcourus ce matin. On ne force pas trop, ça ne sert à rien quand le vent est en face, juste à y perdre nos forces, il vaut mieux avancer doucement afin de finir l’étape du jour dans de bonnes conditions. Après avoir bien mangé, nous repartons en direction de Skour-rehamna. Vent de face, camions et voitures filent à toute allure, mobilisant notre attention car c’est de près qu’ils nous doublent. La journée est longue et les derniers kilomètres seront faits dans le noir. Enfin les lumières de la ville, reste à nous trouver un hébergement dans un village de campagne très rustique, ça ne va pas être facile. Première tentative dans un bistrot en commandant un thé à la menthe : le patron nous conseille la station Shell, nous y faisons un tour mais pas de chambre. Un petit malin installé sur la terrasse d’un café voit en nous quelques dirhams à grappiller. Il vient nous proposer sa maison. Viens chez moi, fais comme chez toi ! Et c’est combien ? demande le cyclo après avoir visité son taudis immonde. Deux cents dirhams ! répond l’effronté, sûr de son affaire. Eh oui, vous êtes dans la merde alors j’en profite ! Et bien gardes la ta piaule, on va chercher ailleurs. Retour en centre ville, Irène va demander à la pharmacie et bingo ! On nous propose le sous- sol, un petit deux pièces pas tout propre qui sert à moitié d’entrepôt aux médicaments. Va pour cette nuit, nous voilà tirés de l’embarras. Nous avons tout de même parcouru cent kilomètres, cette nuit sera une bonne nuit de récupération.A huit heures trente, Bachir, le patron du bar vient nous ouvrir. Nous sommes réveillés depuis longtemps et le cyclo en a profité pour réparer la crevaison d’hier soir. Eh oui ! Cinquième crevaison et cela malgré des pneus anti crevaison, mais les routes ici ne pardonnent pas, trous et cailloux abiment les pneumatiques. Nous prenons notre déjeuner dans le bar, remercions Bachir de sa gentillesse et de nous avoir logés pour la nuit et en route. Nous nous retrouvons avec un vent de face et des montées légères. La progression n’est pas facile, nous ne roulons qu’a douze kilomètres heure, Irène n’est pas trop vaillante, sa tourista n’est pas guérie. Arrêt a Settat pour manger, seulement trente kilomètres parcourus ce matin. On ne force pas trop, ça ne sert à rien quand le vent est en face, juste à y perdre nos forces, il vaut mieux avancer doucement afin de finir l’étape du jour dans de bonnes conditions. Après avoir bien mangé, nous repartons en direction de Skour-rehamna. Vent de face, camions et voitures filent à toute allure, mobilisant notre attention car c’est de près qu’ils nous doublent. La journée est longue et les derniers kilomètres seront faits dans le noir. Enfin les lumières de la ville, reste à nous trouver un hébergement dans un village de campagne très rustique, ça ne va pas être facile. Première tentative dans un bistrot en commandant un thé à la menthe : le patron nous conseille la station Shell, nous y faisons un tour mais pas de chambre. Un petit malin installé sur la terrasse d’un café voit en nous quelques dirhams à grappiller. Il vient nous proposer sa maison. Viens chez moi, fais comme chez toi ! Et c’est combien ? demande le cyclo après avoir visité son taudis immonde. Deux cents dirhams ! répond l’effronté, sûr de son affaire. Eh oui, vous êtes dans la merde alors j’en profite ! Et bien gardes la ta piaule, on va chercher ailleurs. Retour en centre ville, Irène va demander à la pharmacie et bingo ! On nous propose le sous- sol, un petit deux pièces pas tout propre qui sert à moitié d’entrepôt aux médicaments. Va pour cette nuit, nous voilà tirés de l’embarras. Nous avons tout de même parcouru cent kilomètres, cette nuit sera une bonne nuit de récupération.


DATE: 03 12 2010

LIEU
: MARRAKECH

KILOMETRES 100

TEMPERATURE: 12

ALTITUDE:

MARRAKECH
SKOUR-REHAMNA - MARRAKECH

Nous avons eu de la chance hier de trouver cette cave de pharmacie, notre nuit a été bonne et nous a permis de bien récupérer. Encore des gens bien sympas qui nous ont dépannés sur notre chemin. Les marocains ne sont pas tous comme ça, méfiez vous quand ils parlent de trop, c’est souvent pas bon signe. Exemple avec notre petit malin d’hier qui voyait déjà quelques Dirhams dans sa poche facilement gagnés. Etant dans une situation fragile, il s’est jeté sur nous comme le loup sur des agneaux, mais on n’a pas marché dans sa combine. Nous sortons les vélos de la cave pour constater que cette fois ci, le pneu d’Irène est à plat, encore une crevaison. Démontage de la roue, Irène l’apporte à un garage pour changer la chambre à air. Nous prenons du retard sur le parcours et une fois la roue remontée, c’est à toute allure que nous filons sur Marrakech. La chance nous sourit aujourd’hui, le vent s’est inversé, il est bénéfique. Nous roulons à vingt cinq kilomètres heure, super ! D’autant plus qu’Irène est toujours malade et a du mal à tenir la cadence. Arrêt à Ben-Guerir pour manger un excellent tajine à quarante Dirhams et nous reprenons la route. A partir de là, quelques montées nous freinent. Irène n’en peut plus, elle doute de finir l’étape, demande au cyclo de passer devant à Sidi-Bou-Othmane. Et par chance, nous finissons sur des descentes jusqu'à Marrakech. Il est six heures quand nous nous trouvons sur la place Jemaâ-el-Fna. Coup de téléphone à un hôtel repéré sur le guide pour savoir s il reste des places, car aujourd’hui débute le Festival du Cinéma. Ouf ! Il reste une chambre pour deux cents Dirhams et, surprise, arrivés à l’hôtel c’est un petit palace en comparaison de ce que nous avions à Casablanca La chance nous sourit à nouveau, nous prenons une douche et filons sur la place y voir l’ambiance et déguster un couscous de légumes, juste récompense d’une bonne journée de vélo. Il fait dix sept degrés, en France il neige, on apprécie bien ce moment après trois jours difficiles et le mauvais temps de Casablanca.


DATE: 04 12 2010

LIEU
: MARRAKECH

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:20

ALTITUDE:

MARRAKECH
MARRAKECH

A nous Marrakech ! Dès le matin le cyclo il file sur la place Jemâa-el-Fna  pour voir l’ambiance. Elle est presque vide, mais on commence à la préparer pour recevoir les touristes, les stands ont été entièrement démontés  dans la nuit et la place est lavée au jet d’eau. Les restos reçoivent leur marchandise, des cars de touristes sont prêts à partir en excursion avec leur lot de randonneurs. D’ici, on part voir les cascades d’Ouzoud, ou bien Ouarzazate, location de 4X4 pour le Tazi-n-Test,  de Marrakech il est possible de faire des bonnes balades dans l’atlas. Un passage dans les souks, les boutiques commencent à ouvrir, on replace la marchandise, bientôt les gogos du monde entier vont se précipiter dans ces ruelles, Marrakech ne fait pas le Maroc. ici nous sommes dans un lieu pour touristes, rien à voir avec ce que nous avions vu auparavant, tu es sollicité de partout : viens voir dans ma boutique, j’ai tout ce qu’il te faut ! Hello la gazelle, viens acheter des épices, donnes moi un Dirham s’il te plait, huile d’argan pas chère et babioles fabriquées en Chine ! Ne braques surtout pas ton appareil photo sur quelqu’un, sinon on te demandera de l’argent, tous les échanges de paroles sont commerciaux, sollicitations de toutes parts, pas moyen d’établir un contact autre que commercial. Les marocains ici sont sur le pied de guerre, on flaire la bonne affaire, le touriste flatté qui ouvrira son porte monnaie, ne rien croire de ces bonnes paroles, attention aux enfants pickpockets envoyés par leurs parents faire les poches des insouciants. Non vraiment, Marrakech serait une mauvaise expérience pour commencer la visite du Maroc. Nous allons  quand même rester deux jours dans cette ville, le temps de la visiter et de goûter à l’ambiance. Le cyclo prend son petit déj dans une gargote où on fait des crêpes, alors ça c’est pas cher et super bon et ça cale bien l’estomac pour la matinée. Retour à l’hôtel pour chercher Irène, elle est sur la terrasse pour prendre son petit déjeuner, nous téléphonons à Rémy et Adeline, deux cyclistes comme nous qu’Irène a rencontrés en Espagne, pour manger ensemble ce soir et échanger sur nos voyages respectifs. Rancard est pris pour ce soir, nous mangerons ensemble au resto mais pour le reste de l’après midi, balade dans Marrakech voir la Koutoubia, les jardins et repérage pour demain du palais de la Bahia et des différents points d’intérêt. Puis le soir, nous faisons la connaissance des jeunes cyclos devant un couscous. Eux aussi ont vécu une formidable aventure sur leur tandem en direction du Sénégal et nous souhaitons continuer le voyage ensemble pour la traversée du Sahara. Irène part à l’hôtel  sse reposer et nous profitons de la fin de soirée pour nous balader dans les souks en compagnie de Rémy et Adeline.


DATE: 05 12 2010

LIEU
: MARRAKECH

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:27

ALTITUDE:

MARRAKECH
MARRAKECH

Une bonne douche, et voilà le cyclo  sorti de l’hôtel pendant qu’Irène dort encore. On cherche un coin pour déjeuner, ça ce n’est pas un problème, il y a tellement de petits restos qui proposent du thé et des crêpes que le plus difficile est de faire son choix. Retour à l’hôtel pour retrouver Irène et partir ensemble à la visite de Marrakech. D’abord le palais de la Bahia puis le palais El-Badii, retour dans les souks puis sur la place Jemaâ el-Fna pour manger. Dès notre repas fini, nous passons dans un cyber café mettre nos sites à jour et, depuis que nous sommes au Maroc, c’est le point noir, pas facile à faire les ordinateurs ici. Son vieux, les connections pas toujours bonnes, une véritable galère pour se tenir à jour. Autant en France et en Espagne on arrivait à quelque chose, ici tout est beaucoup plus dur, l’informatique est tout juste développée et il nous faut à chaque fois chercher une solution pour brancher nos machines. Le festival du film a débuté hier et le roi est présent dans la ville. Nous voyons les policiers embarquer les mendiants assez rudement dans des camionnettes, il faut nettoyer les rues de «  sa vermine », ca fait désordre ces gens qui tendent la main pour demander l’aumône. Un  petit tour en calèche pour voir la ville, car en deux jours ne nous permettent pas de tout visiter et nous ne verrons pas le jardin Marjorelle. Un grand regret, mais cet aperçu de la ville en voiture à cheval nous permet de voir les beaux quartiers où hôtels de luxe et voitures de sport  contrastent avec le reste. Pour bien finir notre journée, nous irons manger sur la terrasse d’un resto de la place en regardant l’activité grouillante du début de soirée. Spectacle magique où lumières, odeurs de cuisine, appel à la prière donnent une ambiance toute particulière. Retour à l’hôtel, demain nous plions bagages pour une autre ville. Essaouira est notre prochaine grande étape, notre séjour est court. Même si Marrakech est loin du reste du Maroc elle est intéressante à visiter.


DATE: 06 12 2010

LIEU
: CHICHAOUA

KILOMETRES 80

TEMPERATURE:25

ALTITUDE:

CHICHAOUA
MARRAKECH - CHICHAOUA

Toujours un réveil de bonne heure pour le cyclo, une douche et petit déj dans la rue : crêpes et thé à la menthe, on ne résiste vraiment pas à ces crêpes avec du miel et le cyclo en avale toujours une bonne quantité, il a toujours l’estomac dans les talons, dévore tout comme un glouton. Nous retournons à l’hôtel chercher Irène et préparer notre destrier. A neuf heures, nous sommes dessus, bye bye Marrakech, direction Essaouira. Sortie de la ville un peu moins cafouilleuse grâce au policier à qui nous demandons notre chemin. Soleil sans nuage, nous allons retrouver la campagne avec plaisir, la route est sans aucune difficulté. Nous filons à dix neuf kilomètres heure, les paysages ont changé, ils sont plus arides, des petite fermes en pisé, quelques village très pauvres. Le trafic routier est important et nous sommes toujours sur nos gardes, surtout les camions et les autocars. Un œil devant, un œil derrière, nous n’avons pas de rétro et maintenant au Maroc nous le regrettons, ce matériel est vraiment indispensable sur ces routes. Je conseille à tout cycliste qui viendrait au Maroc de s’en équiper. A midi nous n’avons fait que trente kilomètres car nous avons fait un petit arrêt dans une grande surface Marjane. Ici tu peux trouver de la charcuterie, intéressant non ? Un arrêt pour manger un tagine à Oudaya que nous partageons avec Irène qui reprend de l’appétit. Ca fait plaisir à voir. Notre repas avalé, nous reprenons la route. Notre but, vu la bonne vitesse que nous avons, c’est de faire étape à Sidi-Moktar. Mais un vent violent trouble notre progression, il est arrivé d’un seul coup et la moyenne se fait ressentir, douze kilomètres heure, pas plus, et on pousse sur les pédales. Donc nous n’irons pas plus loin que Chichaoua. Nous recherchons un lieu pour passer la nuit et le policier à l’entrée de la ville nous indique une station service qui fait quelques chambres. Nous voilà devant l’hôtel, le patron nous fait patienter, on a l’impression que nous ne sommes pas les bienvenus. Il nous propose des chambres chères, puis nous propose de dormir sur un palier de l’hôtel pour cinquante Dirham. Des professeurs marocains en stage dans l’hôtel trouvent la proposition inacceptable et font pression sur le patron pour que nous ayons une chambre. Et nous voilà installés pour la nuit grâce à leur intervention. Les profs nous invitent par la suite à venir à leur table partager leur repas, nous acceptons. Ils sont très curieux sur notre voyage et nous sur leur programme scolaire. Il est sûr qu’une société se construit bien à partir de l’école,  de comprendre leur programme et leur rythme scolaire nous apprend beaucoup de choses sur l’état d’esprit marocain.


DATE: 07 12 2010

LIEU
: ESSAOUIRA

KILOMETRES 110

TEMPERATURE:25

ALTITUDE:

ESSAOUIRA
CHICHAOUA - ESSAOUIRA

Nous avons décidé de partir de bonne heure de Chichaoua, les professeurs nous invitent pour le petit déjeuné. Ils sont vraiment sympathiques est c’est avec plaisir que nous passons du temps avec eux, puis nous préparons nos bagages sur nos vélos. A huit heures trente nous sommes prêts. Le patron de l’hôtel, qui n’a toujours pas digéré de devoir nous donner une chambre hier, nous réclame sous prétexte que la pièce contenait quatre lits de payer le double ! Nous partons sans lui donner satisfaction, là il n’était vraiment pas content de ne pas récupérer de l’argent sur notre dos. Belle grimace en voyant partir la perspective d’enfouir quelques billets au fond de sa poche. Walo, il n’a rien eu ! Pas de vent ce matin, on part sur les chapeaux de roues, heureux des paysages que nous traversons, du temps qu’il fait. Tout marche si bien, mais cela ne va pas durer. D’abord le vent se lève plus fort qu’hier, notre moyenne tombe à neuf kilomètres heure, ça casse le moral. Le cyclo rumine sur sa selle, faire cent kilomètres dans ces conditions ça va être dur. Premier village, crevaison ! La route est tellement mauvaise que les pneumatiques ne résistent pas, il y a aussi un rayon de cassé. Il faut décharger le vélo, démonter la roue pour remplacer la chambre à air et le rayon. Crever dans un village et là tu as tout de suite une nuée de mômes voulant gagner quelque Dirham qui se précipitent pour te la réparer. Hop, le cyclo se fait doubler, on lui prend la roue des mains, ils sont cinq dessus. Tu ne peux plus intervenir, ils veulent chacun si mettre, vont trop vite, ne sont pas habitués à un matériel moderne et complexe mais ils sont très malins. Nous repartons une fois réparé, ils n’ont pas voulu de monnaie pour leur travail car deux policiers sont passés et leur ont interdit de prendre de l’argent. Si vous crevez dans un village, attendez la sortie pour répare, vous serez plus tranquille. La réparation a été mal faite, la chambre à air a été pincée et à la sortie du village le pneu éclate. Il faut tout refaire et il ne reste plus qu’une chambre à air. Pas de panique, on redémontre doucement et là, personne pour te perturber dans ta réparation, nous la changeons de nouveau en la sous gonflant car la roue est bien voilée, il va falloir rouler prudemment pour finir le parcours avec une roue en mauvais état. Le vent ne nous laisse pas de répit. On nous attend à Essaoiura pour nous héberger, alors nous forçons l’allure mais sans grand résultat, c’est le vent qui est gagnant. Le cyclo en tête, Irène derrière pour la protéger de ce satané vent, juste un arrêt pour manger du pain et du fromage, pas le temps de s’attarder, la nuit va tomber. Gérard, la personne qui nous reçoit à Essaouira vient à notre rencontre en voiture, décharge Irène de sa remorque. Il fait nuit et il nous reste une vingtaine de kilomètres à faire, on les fait rapidement, le vent s’est légèrement calmé avec le coucher du soleil. Enfin les lumières d’Essaouira, notre calvaire est fini ! Cette journée qui avait si bien commencé a été très pénible, le vent est le pire ennemi du cycliste mais le cyclo il tient à faire son parcours jusqu’au bout sur son vélo. Il est un peut dingo, veut pas lâcher son guidon, on ne va pas tirer grand-chose d’une tête de mule comme lui.


DATE: 08 12 2010

LIEU
: ESSAOUIRA

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:25

ALTITUDE:

ESSAOUIRA
ESSAOUIRA

Nous nous réveillons dans l’appartement de Gérard, situé dans un quartier populaire d’Essaouira. Gérard est un retraité amoureux du Maroc, ce n’est pas un Français venu chercher une retraite dorée dans un pays ou le niveau de vie permet de bien vivre, non, lui il aime le Maroc, vit avec les Marocains et tout au long de notre séjour chez lui il va nous le faire découvrir. Ce matin il nous guide dans la Médina et dans le port d’Essaouira. Il connait bien les Marocains et avec lui nous en apprendrons beaucoup, pas mal d’idées toutes faites vont partir en fumée, les choses sont plus complexes, le jugement d’un touriste de passage avec sa vision d’occidental ne permet pas d’approfondir la culture et le mode de vie marocain. Lui qui vit ici depuis quelque temps  nous révèle une autre vision bien plus complexe, l’islam, le roi, la famille, la politique et nous les gahorys (terme pour désigner un occidental). On ne peut comprendre les Marocains qu’en vivant un temps avec eux, un jugement hâtif de touriste de passage ne tient pas longtemps face à quelqu’un comme Gérard qui lui s’est immerger dans cette culture avec passion. On l’écoute et on aime le faire parler. Un problème nous préoccupe sur nos passeports : les dates du visa pour la Mauritanie ne sont pas bonnes, le consulat s’est trompé en les faisant, il nous faut retourner à Rabat et c’est Irène qui va s’en charger. Encore un contretemps qui nous retarde pour la traversée du Sahara mais nous ne voulons pas nous voir refuser l’entrer en Mauritanie une fois descendu en bas du Maroc. Irène va donc prendre le bus puis le train cette après midi afin de corriger ces dates sur les visas. Le cyclo restera à Essaouira en attendant. Nous accompagnons Irène au bus ; elle nous reviendra dans trois jours. Nous nous sommes habitués à vivre ensemble tous les trois et commençons  à nous apprécier, c’est donc une petite séparation dans notre aventure. Le cyclo va trouver le temps long avant qu’on puisse se retrouver et de continuer notre route. Ce soir nous mangerons au resto en compagnie de Gérard, nous penserons à Irène qui est encore dans le train.


DATE: 09 12 2010

LIEU
: ESSAOUIRA

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 32

ALTITUDE:

ESSAOUIRA
ESSAOUIRA

Le cyclo, ce matin, il veut voir le soleil se lever sur la plage et à six heures il quitte l’appartement de Gérard. Essaoiura est bien agréable à cette heure matinale, peu de monde. Le soleil se lève, il fait bon et nous compatissons pour nos compatriotes en France qui sont sous vingt centimètres de neige, une véritable injustice ; nous trente degrés, soleil sans nuage et vous la neige, snif, snif. Nous sommes sur le port pour regarder revenir les bateaux et le déchargement du poisson, le cyclo discute avec un patron de pêche sur le prix du poisson : en ce moment l’anchois se vend bien à quatorze Dirham, quant à la sardine elle atteint à peine trois Dirham. Un tour dans la Médina pour discuter avec les différents artisans, et notamment Rachid «  Le César d’Essaouira ». Il y va fort je trouve, mais bon ! Les marocains ne font pas dans la demie mesure et en tout cas ce qu’ils produisent avec des matériaux de récup’ est original. Allez le voir au cent quinze rue Med El Koury dans sa petite boutique. Puis nous allons visiter le groupe artisanal à côté de la porte Bad Marrakech. Si vous avez un cadeau à rapporter c’est ici qu’il faut venir l’acheter. Le reste des boutiques ne vend que de la production en série de très mauvaise qualité. Là vous pourrez voir des jeunes en apprentissage dans tous les métiers artisanaux, bijouterie, marqueterie, peinture sur bois, et il est intéressant de rencontrer la personne qui a fabriqué l’objet que vous allez acheter, elle vous en expliquera sa fabrication. Moustapha, peintre sur meuble est content de nous montrer son travail, il fait tout lui-même, des pinceaux en crins d’âne, ses pochoirs. Il nous montre ses réalisations et ses commandes, passez le voir dans ce groupe artisanal, il est fier de son travail et pas avare en explication. Déjà l’heure de manger, nous allons acheter du poisson sur le marché et nous l’amenons au resto pour qu’il le cuise, ce n’est pas sympa cette façon de faire, le resto n’a plus qu’à te fournir la table, la boisson, le pain, et toi tu arrives avec tes poissons que tu as choisi de manger. Et pour digérer : un tour sur la plage, bronzette au soleil, doigts de pied en éventail, on profite de la douceur de vivre d’Essaouira. Pas étonnant qu’à une époque, les hippies du monde se soient donné rendez-vous ici, la douceur de vie de ce petit port de pêche est bien agréable. Le cyclo il grelotte rien qu’à l’idée de vous savoir dans la neige. Appel à la prière, soleil qui décline, la mer qui monte, le bruit des vagues se brisant sur la plage, le bonheur ! Venez voir ça : en trois coups de pédale vous y êtes, vous qui grelottez sous la neige, faites vous plaisir. Si le vélo vous parait trop difficile alors prenez un avion  et louez l’appart de Gérard : annonce 188 554 sur homlidays et offrez vous une bonne semaine de farniente sur les plages d’Essaouira. Le mieux serait de prendre l’appart en chambre d’hôte pour bénéficier des bons conseils de Gérard afin de découvrir toute la région qui a pas mal d’attrait.


DATE: 10 12 2010

LIEU
: ESSAOUIRA

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

ESSAOUIRA
ESSAOUIRA

Ca y est,  il l’a, il l’a sa tourista le cyclo ! Mais bon, pas une vraie, plutôt une intoxication alimentaire, il s’est fait avoir par Gérard. Eh oui ! Plus dangereux que l’eau des fontaines publiques et la nourriture des bouibouis marocains, c’est le frigidaire d’un célibataire. Hier, Gérard a proposé une omelette et les œufs ne sont pas du premier jour, boum ! Mon cyclo il a passé une nuit d’enfer et ce matin, il se réveille barbouillé. Non, vraiment pas dans son état, lui qui a résisté à tout pour l’instant le voilà bien malade. Il n’a qu’à pas manger comme un glouton, il pense qu’à s’empiffrer comme un cochon. On va traîner toute la matinée entre les WC et le salon, le ventre fait des gargouillis, puis l’après midi, même si le cyclo il n’est pas dans son assiette, on part faire un tour sur la côte en direction de Safi. Un petit coup de téléphone à Irène pour savoir si tout va bien avec les visas mauritaniens, tout est bon elle s’est bien débrouillée avec l’ambassade. Les dates ont été rectifié, nous allons pouvoir  passer, ouf ! Gérard nous conduit, nous et un couple qui cherche à acquérir une maison sur des lieux de toute beauté, une côte sauvage mais malheureusement qui ne le restera pas longtemps au vu des villas qui se construisent. La beauté du site attire de nombreuses personnes à investir ici, des constructions grandioses et parfois de mauvais goût, l’argent permet de réaliser tout et n’importe quoi. Ces villas sont bien loin des habitations des marocains, la démesure de ces maisons leur paraît certainement étrange. Que dirions-nous si, sur nos côtes de Bretagne, on venait construire des palais de style marocain ? Après avoir vu la côte, Gérard nous amène dans la campagne, forêt de thuyas et petit oasis de verdure où poussent oliviers et dattiers. Sur la route, des tortues, et pour chacune d’elles que nous croisons nous nous arrêtons pour la déposer sur le bas côté. Gérard fini par nous amener chez un ami paysan, jolie rencontre d’un homme tout en sourire. Il revient juste de son champ qu’il était en train de labourer avec ses ânes. Malgré la rudesse de sa vie, il respire la joie de nous accueillir chez lui, d’offrir un thé, un morceau de pain et de l’huile d’argan. Pénétrer dans sa maison, s’asseoir par terre dans la pièce commune et partager un thé et quelques mots, le cyclo il adore. La richesse de ces gens est intérieure, pas de maison démesurée mais un cœur largement ouvert vers les autres.


DATE: 11 12 2010

LIEU
: ESSAOUIRA

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

ESSAOUIRA
ESSAOUIRA

Aujourd’hui, on va attendre Irène qui nous revient de Rabat avec les passeports et les visas mauritaniens. Le cyclo en profite pour se reposer et récupérer de son intoxication alimentaire, et moi j’écris les textes pour mettre à jour le site. En plus, je répare l’ordi de Gérard qui en avait bien besoin. Je vais tout de même pas demander au cyclo de faire ça ! Lui, à part son vélo, c’est tout ce qu’il connaît et en plus, sa crise de foie n’est toujours pas guérie. Il est à la diète depuis hier, lui qui mange tout le temps ça lui fait du bien. Ah oui ! J’en profite : nombreux sont ceux qui m’ont écrit, je passe les messages au cyclo et lui ça l’encourage dans notre aventure. Bien souvent ces messages le comblent de joie, car même si ce voyage est un véritable plaisir, les mails de chacun sont un véritable régal. Savoir qu’en France nous sommes suivis encourage pour la suite. On pense aussi à ceux que l’on a croisés sur notre route. Que sont-ils devenus, vont-ils toujours prendre de nos nouvelles sur internet ? Et Pierre, tu es toujours à Séville ? As tu réparé ton porte bagage ? As tu repris la route ? Pierre, si tu avais ton passeport, sache que le Maroc est vraiment une belle terre d’aventure et avec un vélo ici tu es le roi. Après quatre mille kilomètres, on regarde le chemin parcouru et ce qu’il nous reste. Pas d’inquiétude pour la suite, juste envie de continuer et de rencontrer d’autres personnes. On file avec Gérard manger sur la plage. A cinq heures Irène sera là, nous allons pouvoir repartir demain, l’aventure repart ! Nous avons appris à nous connaître, et tous trois nous formons une équipe. Pas évident quand nous sommes très dissemblables, mais l’équipage fonctionne et la route nous parait bien plus facile ensemble.


DATE: 12 12 2010

LIEU
: TAMANAR

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 32

ALTITUDE:

TAMANAR
ESSAOUIRA - TAMANAR

Ce matin nous quittons Gérard, ce fut de bons moments passés ensemble. Il nous a appris beaucoup sur le Maroc, nos idées toutes faites se sont envolées, maintenant nous regarderons les marocains d’une autre façon. Neuf heures et c’est le départ, nous descendons les vélos de l’appartement, Gérard nous accompagne à la sortie d’Essaouira. Salut Gérard ! A bientôt peut être ? Essaouira nous a plu et le cyclo reviendra certainement un jour. Route de montagne mais paysage sublime, nous avançons doucement, les yeux tournent de chaque côté de la route. Oliviers et arganiers poussent sur chaque colline, les bergers surveillent leur troupeau de moutons et de chèvres. Les chèvres grimpent sur les arganiers pour manger les fruits. Nous passons dans une coopérative d’huile d’argan pour regarder le travail des femmes. Elles décortiquent les noix, les broient sous une pierre et malaxent la pâte pour en extraire l’huile. Un travail laissé à la femme en difficulté financière ou handicapée, un travail long et fastidieux. La route est dure pour Irène, peu habituée à la montagne et malade. Heureusement que la route est jolie, ça fait oublier les crampes de ventre au cyclo et à Irène. La nuit tombe, seulement quatre vingt kilomètres parcourus. Nous sommes dans la ville de Tamanar et on en a vraiment marre. Le plus dur reste à faire, trouver un hébergement. Le lieu n’est qu’un tout petit village, pas d’hôtel ni camping. A la gendarmerie, ils n’ont pas voulu de nous. Eh oui, caserne militaire et le règlement, c’est le règlement ! Echec aussi à la station service. Le cyclo il a vu à l’entrée du village un resto avec une petite terrasse, on remonte la rue pour demander s’il est possible de dormir sous leur auvent. Ils sont assez surpris de notre demande, des européens qui veulent coucher dans la rue ! Mais ils acceptent quand même. Nous allons passer notre nuit dans la rue, pas bien rassurés pour nos vélos. Le cyclo, lui, il ronfle déjà en cinq minutes. Pas d’inquiétude pour lui, tout inconscient qu’il est.


DATE: 13 12 2010

LIEU
: TAGHAZOUTE

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 32

ALTITUDE:

THAGAZOUTE
TAMANAR - TAGHAZOUTE

Donne moi un dirham, un stylo, des bonbons ! Depuis ce matin où nous avons quitté notre porche de restaurant, abri qui nous fut bien salutaire pour passer la nuit car la pluie est tombée pendant notre sommeil, les enfants nous courent après pour nous réclamer toutes sortes de choses. Un phénomène que nous n’avions jamais vu auparavant. Pourquoi maintenant, à cet endroit ?  Irène finit par péter les plombs, elle qui peine dans les côtes avec son mal de ventre qui ne finit pas et les efforts qu’il faut fournir pour gravir ces pentes bien plus raides qu’hier. Les enfants poussent la remorque dans tous les sens, au risque de la faire chuter. Donne moi un dirham, donne moi un bonbon ! Ces réclamations deviennent lassantes. Ce qui nous récompense bien de nos efforts, ce sont toujours ces paysages magnifiques autour de nous, toujours des oliviers et des arganiers sur des collines semi arides, quelques champs de çi de là en culture. Les ânes et les mules tirent la herse, même parfois le dromadaire est mis à contribution. Les gens nous font souvent des signes de félicitation, toujours le bonjour à notre passage, des sourires, des pouces sortent parfois des vitres des voitures pour nous féliciter, encouragements qui nous font rudement plaisir. Village de Tamri, sur les bords de l’oued des bananeraies. On y vend de toutes petites bananes délicieuses que nous achetons bien souvent et qui sont un régal. Elles sont à six dirham le kilo, donc nous en profitons pour nous gaver de ces fruits. Nous faisons notre arrêt repas dans ce village où de nombreux surfeurs viennent aussi ici pour se restaurer. Les campingcaristes, eux, s’arrêtent vite pour acheter des légumes et des fruits puis remontent dans leur véhicule. Ils ne viennent pas manger avec la population locale, la peur peut être d’attraper quelque chose dans ces restos où pourtant les tajines y sont délicieux. Il ne nous reste  que quelques kilomètres pour Agadir, mais la nuit tombe et pour la septième fois nous avons une crevaison. Le temps perdu pour réparer nous incite à finir notre journée et à chercher un coin pour la nuit. Un camping sur le bord de la nationale, camping Atlantica et nous nous retrouvons parmi les géants de la route, de magnifiques camping-car, tous plus beaux les uns que les autres. Engins de prix exorbitant venus goûter le soleil du Maroc et passer l’hiver au chaud. Nombre d’entre eux sont décorés comme des sapins de noël, ça nous rappelle les fêtes de fin d’année. Etrange décor, nous sommes de retour en Europe, il y a même des chants de noël. Ce contraste brutal nous interpelle, le camping fonctionne en vase clos, ignorant les marocains autour d’eux.


DATE: 14 12 2010

LIEU
: AGADIR

KILOMETRES 25

TEMPERATURE: 32

ALTITUDE:

AGADIR
TAGHAZOUTE - AGADIR

Réveil dans notre camping parmi les camping-cars géants. Nos deux tentes, que nous avons eu beaucoup de mal à piquer dans le sol, ne passent pas inaperçues. Et d’où venez-vous avec vos vélos ? De France. Non, pas possible, incroyable, fantastique ! Et combien de jours ? Combien de kilomètres ?  On vient nous prendre en photo, les héros du jour sont là. Nous, de simples aventuriers, suscitons de l’admiration, ce qui nous parait banal est pour eux extraordinaire. Des voisines allemandes nous offrent le café, un geste que nous apprécions car il est rare de la part des camping-caristes. Nous enfourchons nos vélos et en route pour Agadir, il n’y a que trente kilomètres, pas besoin de forcer sur la route. D’ailleurs, le cyclo en profite pour se baigner dans la mer, la température de l’eau est agréable. Petit moment de détente sur une plage magnifique, soleil et ciel bleu, nous apprécions tout en sachant qu’en France la neige n’arrête pas de tomber. Agadir, nous y sommes à midi, petit arrêt dans un resto. La ville est entièrement européanisée, hôtels de luxe, cafés et boîtes de nuit, tout est à l’occidental. Peu de femmes voilées, Agadir est une enclave moderne dans le Maroc. Nous nous installons au terrain de camping où nos retraités de France sont aussi là avec leur superbe machine tout confort, vélo ou moto pour faire les courses. Ils se sont installés pour une longue période et tout le confort les accompagne, les antennes satellite leur permettent de suivre les nouvelles de France, la dernière émission de TF1, koh-Lanta ou star académie, Foucault et Pernaut.  C’est pas parce qu’ils sont au Maroc qu’ils oublient la France. Même pour la cuisine ce sera steak frites, et dans les supermarchés Marjane on pourra trouver saucisson et camembert. Le Maroc, oui, pour le soleil, les marocains on s’en méfie un peu, pensent pas pareil et leurs coutumes sont un peu bizarres. On a enfin l’explication  du comportement des enfants dans la région, certains camping-caristes ont pris l’habitude de jeter des bonbons par la fenêtre, de distribuer cahier et crayon. Mauvaise pratique, ces camping-car sont devenus les avions cargo des Papous. On distribue à tort des tas de choses, on veut se faire plaisir mais ces gestes ont de fâcheuses conséquences. Ne serait t’il pas mieux d’apporter tout cela dans une école plutôt que de faire ces distributions sauvages ? Notre fin de journée, nous la passerons sur la jetée d’Agadir, face à la montagne où en lettres géantes est rappelé le tremblement de terre qu’a subi la ville dans les années soixante.


DATE: 15 12 2010

LIEU
: TIZNIT

KILOMETRES 103

TEMPERATURE: 30

ALTITUDE:

TIZNIT
AGADIR - TIZNIT

On décolle Irène ? Ce matin, c’est pas à grande vitesse que nous partons, on prend du retard alors que le parcours prévu est de cent kilomètres. Petite course à la sortie d’Agadir dans un Marjane, il faut aussi retirer de l’argent dans une banque et nous voilà en retard sur notre itinéraire. Pas grave, on va rattraper. La route est plate, on va pouvoir avancer très vite, de plus le vent nous est favorable. En route, le cyclo devant comme d’habitude. Irène  nous suit, nous ralentissons pour ne pas la perdre car elle n’a pas la même facilité que le cyclo pour le vélo. Mais malgré son âge et le fait qu’elle soit une femme, c’est avec acharnement qu’elle avance sur ce parcours que beaucoup n’aurait envisagé. Le paysage est monotone, rien pour nous distraire. A gauche tout plat, à droite idem, rien d’intéressant à voir. Le mal aux fesses se rappelle à nous, eh oui même avec une bonne selle le postérieur souffre. Le cyclo se dandine pour oublier la douleur, se met debout sur le vélo mais rien n’y fait. Avec la perte de poids, le postérieur est moins charnu et n’amortit plus les secousses de la route, le prochain voyage il pense le faire sur son canapé et devant la télé. La circulation est dense, les camions nous frôlent. Coups de klaxonne, poussez vous je passe, si tu ne te gares pas sur le bas côté tu prends des risques. Ca devient pénible de se faire klaxonner à tout bout de champ, il ne leur vient pas à l’esprit de ralentir un peu pour nous laisser  rouler en paix. Pause casse-croute rapide pour récupérer le temps perdu de ce matin, il reste soixante kilomètres et c’est toujours aussi monotone, juste de temps en temps un virage pour ne pas s’endormir sur le guidon. Les vingt derniers kilomètres, le cyclo fonce et abandonne Irène pour avoir une place dans le camping, et là on file a vingt six kilomètres heure. Nous voilà enfin dans Tiznit et il reste de la place, on file acheter un coca pour Irène et nous l’attendons sur la route. La nuit est déjà tombée, elle finit par arriver bien fatiguée de cette étape. Nous  n’avons qu’une nuit pour nous remettre, demain ce sera de nouveau de la montagne, pas question de traîner. Au lit et vite !


DATE: 16 12 2010

LIEU
: SIDI IFNI

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 30

ALTITUDE:

GUELMIM
TIZNIT - SIDI IFNI

Aujourd’hui, étape de Tiznit à Sidi Ifni et de la montagne. D’ailleurs dès les premiers kilomètres, ça commence à monter et bien raide. On peine, il y a des traces de la journée d’hier dans les mollets du cyclo, en plus il dort peu et mal car malgré la chaleur il a attrapé une bronchite. Eh oui, après un effort il faut se couvrir car le soir il fait vite frais. Le paysage est joli, pas comme hier, mais c’est de plus en plus aride. Quelques arganiers, plus d’oliviers ni de figuiers de barbarie, une végétation de moins en moins riche. Le col est franchi, Irène a dû descendre du vélo pour tirer la remorque car la pente est à plus de huit pour cent. Reste la descente vers la mer, ce que le cyclo appelle les « kilomètres gratuits ». On ne fait rien, juste glisser sur la route, le petit plaisir quand on a fourni un gros effort. Premier village, un vélo de cyclotouriste traîne devant un bar. Le cyclo s’arrête, va voir à l’intérieur. C’est un Français. Sylvain a vingt cinq ans et lui aussi fait la route de France jusqu’au Libéria, car c’est la marque de son vélo. Un peu déglinguée sa machine ! Le pédalier ne tient plus ainsi que le porte bagage qui a été rafistolé avec du fil de fer. Vieux vélo des années soixante quinze, qu’il a lui-même remis en état. Sylvain voyage à l’aventure sans se soucier des risques, en France il vit dans la débrouille, récupère dans des poubelles de supermarché, des objets dans les déchetteries, ne se pose pas de question sur l’avenir et sur son trajet d’aujourd’hui. D’ailleurs il va nous accompagner jusqu'à Sidi Ifni. Il nous reste de la route, quelques belles côtes à franchir, Irène est fatiguée et compte les derniers kilomètres. Ouf, enfin nous y voici ! Il y a trois campings, nous choisissons le plus proche de la mer pour éviter les moustiques. Le cyclo remarque que le vent se lève et pas dans la bonne direction pour demain. Nous allons au resto pour nous récompenser de notre journée et ce soir, ce sera un tajine d’un kilo de poissons que nous partagerons avec Sylvain qui est notre invité.


DATE: 17 12 2010

LIEU
: GUELMIM

KILOMETRES 70

TEMPERATURE: 35

ALTITUDE:

GUELMIM
SIDI IFNI - GUELMIM

Au réveil, nous constatons que nous nous sommes fait voler !  Le cyclo a perdu une gourde et une partie des piquets de la tente. Pour Sylvain c’est plus grave : ses outils, ses gourdes, son compteur et sa nourriture se sont envolés. Grosse colère car le moindre de nos objets a une grande importance. Ca fait pas mal de temps que nous voyageons avec, ils ont une grande valeur sentimentale. Hier j’ai reçu un mail d’une rencontre en France, un cyclo que l’on n’avait croisé que cinq minutes. Nous sortions des vignes dans lesquelles nous avions passé la nuit et nous nous sommes croisés sur la route. Un petit moment ensemble, quelques mots échangés, cette rencontre était au fond de nos mémoires et voilà qu’un petit message nous le fait remonter à la surface. Merci monsieur Ringeade pour votre courrier, le cyclo est resté sur les fesses, bien heureux de se rappeler cet instant. Maintenant il nous faut gravir la montagne, et de suite à la sortie de la ville les côtes sont bien raides. On pousse sur les pédales, sept kilomètre heures pas plus car nous avons le vent de face. Et quand je dis vent, c’est pas un tout petit vent, une véritable galère, un vent chaud qui nous vient du désert. Pas moyen d’avancer plus vite, même sur le plat on plafonne à dix kilomètres heure. Ca use nos nerfs, en plus il nous faut boire énormément car nous sommes asséchés par ce vent. A midi nous n’avons parcouru que seize kilomètres malgré un départ à neuf heures. Sommes tous quatre un peu découragés. Irène a atteint ses limites, elle profite du passage d’une rencontre d’hier, un espagnol qui voyage en camionnette, pour monter avec lui et rejoindre Goulmim. Le cyclo, lui, n’y tient pas, il veut à tout prix faire la route en vélo et malgré la difficulté ne souhaite pas abandonner. Nous allons faire le chemin avec Sylvain qui n’est pas trop en forme. Il fume pétard après pétard et ce n’est pas bon pour lui et pour sa motivation. Il serait presque sur le point d’abandonner mais avec le cyclo il va tenir jusqu'à la fin. Dernier col, enfin les » kilomètres gratuits ». De l’autre côté de la montagne, le vent s’est calmé. Nous sortons de là. Entre deux collines s’étend devant nous une grande plaine aride, enfin les portes du désert ! Dix kilomètres et nous sommes en ville, Irène nous y attend. Un hôtel où on discute le prix, quarante dirham chacun, ok l’affaire est conclue.  Puis nous voilà dans un resto où nous dévorons comme des sauvages un poulet, même la sauce piquante disparaît avec le pain. On paie l’addition et nous repartons de l’autre côté de la rue manger deux sandwichs merguez, pendant qu’Irène va au cyber. La journée fut rude mais quelle satisfaction de ne pas avoir pliés sous le vent, notre volonté fut plus forte que son souffle.



DATE: 18 12 2010

LIEU
: GUELMIM

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

GUELMIM
GUELMIM

Cinq heures : le cyclo se réveille déjà, depuis le début du voyage les nuits sont courtes et pourtant il ne manque pas de sommeil, mais l’envie de profiter au maximum de son temps l’incite à écourter ses nuits. Sylvain et Irène dorment  encore, on s’habille en vitesse et on sort de la chambre que nous partageons tous les trois. De suite, dans la rue, l’appel à la prière se fait entendre. Un café déjà ouvert qui propose des crêpes et le cyclo passe immédiatement commande, je me demande même si son réveil matinal n’est pas un prétexte pour aller se goinfrer. Le samedi à Guelmim c’est le marché hebdomadaire aux dromadaires et le souk est à deux kilomètres de la ville, en direction de Tan-Tan. Le cyclo veut y aller de bonne heure, bien avant tous les touristes afin de bénéficier pleinement de l’ambiance. Et pour le compte on n’est pas déçu. Les vendeurs de chèvres et de moutons à l’entrée sont en pleine tractation, les troupeaux partent pour d’autres propriétaires, on compte les billets, l’argent passe de main en main, certaines bêtes finiront dans nos tajines. Au fond à droite, les vaches et les taureaux, les pattes entravées, attendent le même sort et sur la gauche les dromadaires. Ils viennent du Mali, de Mauritanie et du Sahara Occidental. Les bêtes les plus petites et les plus jeunes iront à la boucherie. Quelques hommes en bleu attendent le gogo pour soutirer de l’argent en vantant les mérites du musc du dromadaire pour éloigner les moustiques et vendre des babioles, des pacotilles, ainsi que des infos pour passer la frontière mauritanienne telles que : soudoyer le douanier supposé s’appeler Ali pour passer plus vite ! Bien entendu, ne pas croire ces balivernes. A côté du souk aux dromadaires, il y a le souk aux légumes et affaires de toutes sortes, bonimenteurs de produits miracles prêts à guérir tous les maux, juste de vieilles pommades d’origine française bien souvent périmées. Ca rappelle au cyclo Lucky Luke et le far West, ici pas de sécurité sociale pour les plus pauvres, alors on est prêt à croire à tout pour guérir. Les fruits et les légumes sont posés au sol en pyramides géantes et sous des tentes de fortune, le monde se presse de fouiller ces tas à la recherche du meilleur légume ou fruit. Invitation des marchands à venir boire le thé avec eux, l’ambiance est magique et bien loin de nos supermarchés. Retour à l’hôtel, Irène est réveillée, il pleut, nous resterons dans notre chambre pour mettre à jour nos sites et, en fin d’après midi, il ne nous restera plus qu’à trouver un cyber afin de faire nos transferts de fichiers et ça, ce n’est pas une petite affaire ! Beaucoup de cybers sont mal paramétrés et il est bien difficile de faire nos mises à jour. Demain, départ pour Tan-Tan, nous préparons nos affaires. La lessive est faite, tout est en ordre sur nos vélos, la porte du désert va être franchie, on attend ça avec impatience.


DATE: 19 12 2010

LIEU
: dans le désert

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

DANSLEDESERT
GUELMIM - DANS LE DESERT

Debout les gars, réveillez vous ! Le cyclo est déjà parti prendre son petit déj dans la rue et rapporte du pain pour Irène. A dix heures, nous voilà sur nos vélos, nous disons au revoir à Sylvain et lui souhaitons bonne chance. Lui, il part voir des tribus nomades, nos chemins se recroiseront peut-être et si on ne se revoit pas, saches que je garde un bon souvenir de quelqu’un en accord avec ses principes et ses idées et un bon souvenir également du temps passé ensemble dans les montagnes à lutter contre ce foutu vent. Bonne route Sylvain, et que les vents maintenant te soient favorables ! Pour l’heure, il est temps pour nous d’affronter le désert. Jérémy et Claire, les deux cyclotouristes qui nous précèdent, nous ont laissé un message avec un lieu de bivouac et quelque chose à  y découvrir. A nous de trouver ce lieu sur la route, d’après la photo jointe au mail. Ici commence un univers fait de cailloux et de sable, on se sent bien petit, nos yeux scrutent la route de chaque côté. Rien n’arrête notre regard, seuls les camions et les voitures qui nous dépassent  nous détournent de nos songes. Il faut être prudent car nous sommes frôlés par ces bolides qui filent à toute allure, ne se préoccupant nullement de nous, ils sont notre principal danger. Un repas prit sur le bord de la route, vache qui rit, sardines à l’huile et les saucisses marocaines composent la plupart du temps nos sandwichs. Intermède au soleil car aucun arbre ici pour nous fournir une ombre. Nous reprenons notre parcours jusqu'à la nuit tombante et nous n’avons toujours pas trouvé le lieu indiqué par Jérémy, mais un enclos fera l’affaire pour nous abriter. Le cyclo escalade le mur afin d’ouvrir la porte, nous y montons nos tentes à l’intérieur et allumons un feu avec le bois trouvé sur place. Une nuit en sécurité, la porte est fermée, personne pour venir perturber notre sommeil. Nous sommes juste en dessous du dernier col à franchir, après il n’y aura plus aucune montagne jusqu’au Sénégal. Demain nous lèverons le camp de bonne heure pour gravir les six cent mètres de dénivelé et glisser sur Tan-Tan.


DATE: 20 12 2010

LIEU
: EL OUATIA

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

EL OUATIA
DANS LE DESERT - EL OUATIA OU TAN-TAN PLAGE

Réveil à six heures, Irène grogne un peu, elle ne trouve pas ses affaires dans le noir et un réveil de si bonne heure n’est pas de son goût. Mais pour profiter de la fraîcheur du matin afin de gravir le dernier col et profiter des premières lumières pour admirer le paysage, cela nécessite quelques efforts désolé Irène le cyclo est un rustre il ne ménage pas ta peine, la route est dure pour toi car tu na plus son âge et lui se comporte comme un goujat ne pense qu’a lui et les kilomètres qu’il a déjà parcouru non pas laissé trop de trace de fatigue. Irène, si il continu à se comporter ainsi prévient moi et je lui tire les oreilles pour le calmer cette brute épaisse, un rappelle à l’ordre pour finir notre voyage dans de bonne condition physique ne lui fera pas de mal à cette Olybrius. L’ascension sera rapide et nous pourrons admirer le soleil matinal au sommet. Suivent les « kilomètres gratuits » de la descente  et quelques côtes à gravir, le cyclo fonce sur Tan-Tan à la demande d’Irène et la laisse seul finir sa route. Control de police à l’entré de Tan-Tan rapide puis on prend en ville un café et on trouve un cyber pour envoyer nos texte, encore un qui ne marche pas une vrai galère le matériel informatique ici. Irène finit par arriver, elle passe à la poste récupérer un paquet contenant des rayons de rechange et des médicaments et, malgré le fait que l’envoi a été effectué il y a quinze jours, le colis ne s’y trouve pas ! Déception ! Les rayons et les médocs sont nécessaires et nous n’avons rien. Pour l’heure nous nous installons au resto, le cyclo commande son premier tajine de dromadaire, c’est très bon mais ça n’a rien d’extraordinaire. Nous trainons un peu car il ne nous reste que vingt deux kilomètres à parcourir, pas de vent et le reste de la route est facile. A seize heures, nous y sommes et nous nous installons au camping des Sables d’Or. Montage de nos tentes et douche, puis nous allons au resto du camping. Ici les camping-caristes sont bien différents de ceux que nous avons croisés à Agadir et une invitation à venir boire un café ce soir nous est proposée. Pas de refus pour le cyclo, un bon kawa pour passer un moment avec des gens de rencontre ça ne se refuse pas. Irène est fatiguée et part se coucher, le réveil matinal a laissé des traces. Puis le cyclo en profite pour aller traîner en ville afin de finir la soirée avec quelques pâtisseries. Eh oui, toujours l’estomac qui commande et non la tête ! Une seule chose le guide : trouver de quoi se remplir la panse, la préhistoire à garder en vie un de ces représentants, l’homme de Neandertal est surement un proche parent du cyclo.


DATE: 21 12 2010

LIEU
: OUED MA FATMA

KILOMETRES 60

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

OUED MA FATMA
EL OUATIA OU TAN-TAN PLAGE - OUED MA FATMA

Sept heures, le cyclo est debout pour aller déjeuner en ville. L’estomac commande sur cet individu et, même si le centre ville se trouve à un kilomètre, ses jambes le guident vers un lieu où il pourra se restaurer. On revient au camping en rapportant du pain pour Irène, puis on plie le camp et enfourchons nos vélos. Avant de partir, un petit arrêt au cyber nous retarde, c’est ici notre bête noire. Mettre à jour les sites nécessite de la patience face au matériel et aux connexions informatiques, à chaque fois c’est un temps précieux que nous perdons sur notre journée. Le vent ne nous est encore pas favorable et c’est à douze à l’heure que nous avançons, les camions, eux, filent à grande allure et à chaque passage nous déstabilisent. Le poids de nos vélos, avec les sacoches à l’avant, les rendent difficile à tenir quand nous sommes frôlés par ces véhicules. Le cyclo est plus rapide qu’Irène, normal vu son âge et sa condition physique, donc tous les dix kilomètres il l’attend pour boire. Mais la matinée se passe mal, la fatigue, le vent échauffent les esprits, ils vont finir par se faire la tête ces deux là.  Ils s’évitent sur la route, passent à côté l’un de l’autre sans se parler jusqu’au soir, il y a de l’eau dans le gaz entre ces deux là. Mais le cyclo devrait faire plus attention à Irène, elle n’a pas son âge et pour elle le chemin est bien plus difficile. Il se comporte comme un goujat, ne la laisse pas souffler sur la route. De plus, depuis l’accident de Tanger, elle souffre d’une douleur au genou et quand il faut forcer contre le vent, la douleur s’amplifie. La dispute est consommée ce soir, ils vont dormir à plusieurs kilomètres l’un de l’autre. Le cyclo, tu l’as bien cherché !


DATE: 22 12 2010

LIEU
: POSTE DE GARDE MILITAIRE

KILOMETRES 95

TEMPERATURE: 20

ALTITUDE:

POSTEDEGARDE
OUED MA FATMA - POSTE DE GARDE MILITAIRE

« Eh petit ! Viens prendre un café, allez viens, t’as toussé toute la nuit, allez viens ! » On vient juste de finir de démonter la tente sous la tempête avec beaucoup de mal et dans la nuit, il nous a fallu nous relever pour la repiquée tellement le vent à été violent. Donc l’invitation à venir dans le camping-car d’à côté pour boire un café est la bienvenue. Jacques et Danièle sont de sacrés personnages et on va taper la discute ensemble, en sifflant un gros bol de café et des gâteaux. Danièle est tout en sourire, elle nous donne la pêche malgré sa terrible maladie, le petit crabe est en elle et malgré tout elle respire la vie et pète le feu. Le cyclo il a apprécié ce moment passer ensemble, mais il faut partir affronter ce terrible vent de face. Ca ne fait pas plaisir, la journée risque d’être longue avec des efforts à fournir importants pour n’avancer que de quelques kilomètres. De toute façon, le moment passé avec Jacques et Danièle va m’accompagner toute ma journée et me remonter le moral. Merci Danièle, merci Jacques, le moment fut sympa ! « Patience et longueur de temps vaut plus que force ni que rage », il faut garder son calme et affronter le mauvais temps. En plus du vent, la pluie est de la partie. Pas le temps de me changer, le maillot et le short sont trempés, heureusement il ne fait pas froid et le vent nous sèche très vite. Qui a dit qu’il ne pleut pas dans le désert ? Casse des supports de mon porte bagage avant et juste devant, le trou du diable : un gouffre de trente mètres de profondeur creusé par l’érosion dans lequel la mer s’est engouffrée. Quelques bouts de corde vont faire l’affaire pour la réparation et nous voilà vite repartis. Arrêt à Sidi Akhfennir pour prendre un café au lait, une personne de passage m’offre de partager son dîner puis m’offre le thé. Et même lorsque nous commandons au restaurateur du pain pour notre repas de ce soir, il nous le paie ! Il est marocain et il est content de rencontrer un français pour pouvoir discuter, et ma balade en vélo l’intéresse. Il me souhaite bonne route, nous nous quittons, moi pour affronter ce foutu vent et lui, peut être pour aller acheter un vélo qui sait ? Jusqu'à tard dans la soirée on va se battre contre ce vent toujours bien de face. Le soleil nous donne le signal de fin de partie et nous nous retrouvons pas loin d’un baraquement militaire, chargé de surveiller la côte et cela afin d’empêcher les clandestins de prendre la mer en direction des Canaries qui ne se trouvent qu’a quelques kilomètres de là. Dans ce campement il n’y a que deux soldats, un marocain et un Sahraoui, et dès mon arrivée ils me proposent de boire le thé. Puis on me prépare un tajine de mouton, moi j’apporte juste le pain. Le soldat sahraoui, un géant, a une sciatique et il est cloué au  lit. Nous lui offrons notre pommade, du « baume du tigre », je ne sais si ça va lui faire quelque chose mais ça lui fait plaisir que je la lui offre. Nous mangeons ensemble et à la fin du repas, on me donne un coin pour dormir et le cyclo ne se fait pas prier. En cinq minutes, Morphée est venue le cueillir. Le vent souffle encore, demain notre route va changer de direction et nous l’aurons dans le dos. Fini ce calvaire, deux jours sous ce souffle ce fut bien pénible.


DATE: 23 12 2010

LIEU
: LAAYOUNE

KILOMETRES 140

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

LAAYOUNE
POSTE DE GARDE MILITAIRE - LAAYOUNE

Six heures du matin, le soldat marocain fait sa prière et me propose d’aller à la pêche avec lui. Nous voilà munis d’une grande perche avec deux hameçons au bout, sur le bois deux sardines sont ficelées. Nous fouillons les rochers du bord de mer,  posant notre perche dans les creux des roches afin d’attraper des pieuvres. Nous reviendrons bredouilles, nous n’avons ramassé que des pousse- pied sur ces rochers. Nous devons  quitter nos  hôtes et les laissons à la surveillance de la côte dans leur baraquement de fortune en bois, pour reprendre la route en direction  de Tarfaya. Plus de vent, les trente kilomètres qui nous séparent de la ville seront faits en une heure trente, grosse différence par rapport à hier et c’est bien agréable de rouler à cette allure. Tarfaya, la ville ressemble à une ville fantôme, les rues sont envahies par le sable. Celle qui était, au temps de l’aéropostale, une ville importante s’est endormie, reste quelques militaires et le musée Saint-Exupéry que nous visiterons rapidement, il n’y a l’intérieur que quelques affiches relatant sa vie. Un café au lait, puis direction Laayoune, quatre vingt seize kilomètres que nous ferons en six heures avec un arrêt à Tah pour manger un tajine de chèvre pour trente dirhams. Premier véhicule de la Nation Unie, magnifique 4X4 blanc qui sillonne la région. Barrage de police à l’entrée de la ville, beaucoup plus sérieux que les précédents car les événements qui se sont déroulés il n’y a pas très longtemps ont fait redoubler la sécurité. De nombreuses patrouilles de militaires et de policiers pour maintenir la sécurité donnent à la ville un climat particulier, mais il n’y a rien à craindre, les gens sont très accueillants. Nous trouvons facilement à nous loger dans un hôtel pour cinquante dirhams et le soir, la balade dans les rues est des plus agréable malgré la présence des militaires et des véhicules des Nations Unies qui stationnent devant les grands hôtels.  Ici on vit à l’espagnole.  Le soir tout le monde est dans la rue, hommes et femmes, car les femmes sahraouies semblent plus libérées que la femme marocaine.


DATE: 24 12 2010

LIEU
: LAAYOUNE

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

LAAYOUNE
LAAYOUNE

Réveil dans mon hôtel à cinquante dirham, pas la classe mais à ce prix là, tu t’attends pas à un palace. Bon, il n’y a pas de petites bêtes qui courent ou qui rampent, c’est déjà ça ! Le patron est sympa, il vient faire sa prière devant ma porte à voix haute pour me rappeler qu’il est musulman ! Ca, c’est de la faute du cyclo, il lui a dit que lui il n’avait pas de religion et on ne dit surtout pas ça ici, les gens ne le comprennent pas. Nous traversons la route pour déjeuner, bien sûr crêpe et thé, le truc préféré du cyclo. Assis à la terrasse pour observer la rue, bien vite la conversation s’engage avec nos voisins. Un français perdu dans un quartier populaire ne passe pas inaperçu et, à chaque fois les mêmes paroles : «  bienvenu au Maroc », » ici  tu es chez toi ». Dans Laayoune, même si le climat est électrique après les affrontements des derniers jours, militaires, police, service de sécurité en patrouille, force de l’ONU présents, on se sent en sécurité, pas de problème pour circuler dans la ville. Un passage chez le coiffeur pour se faire raser la barbe, puis un tour au souk pour l’achat de nouvelles chaussures. Le vendeur a bien failli s’évanouir quand le cyclo s’est déchaussé ! Trois mois avec la même paire de pompes ont parfumé la semelle, rappelant quelque fromage de notre pays. Coup de téléphone d’Irène, on se donne rendez-vous devant l’hôtel Nagjir pour s’expliquer. A dix neuf heures, nous nous retrouvons. Les explications seront courtes et claires, chacun de nous doit faire des efforts, surtout le cyclo avec son  mauvais caractère. Et les choses ainsi dites, nous sommes au resto pour fêter noël. Merci Irène, ce fut un beau cadeau pour le cyclo que de passer ce réveillon en ta compagnie. Et promis, juré, le cyclo fera plus attention. Nous irons par la suite manger une glace dans un parc. Les jets d’eau et les lumières remplaceront le sapin de noël, trouver une glace ici fut un miracle, ce ne sera pas la bûche glacée des fêtes mais, dans le désert, il ne faut pas être exigeant. Elle sera pour nous le miracle de noël. Nous retournons à notre hôtel finir la soirée avec Saint-Exupéry et le petit prince que j’avais enregistré sur l’ordi, un noël qui je crois restera bien longtemps dans mes souvenirs, loin de chez nous et de nos familles.


DATE: 25 12 2010

LIEU
: EL MARSA

KILOMETRES 30

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

ELMARSA
LAAYOUNE - EL MARSA OU LAAYOUNE PLAGE

Dix heures ! Belle grasse matinée, mais ça fais ça quand tu te couches à trois heures du matin. Nous retournons au café d’en face, crêpe et thé, ben quand c’est bon on y revient ! discussion avec un marocain qui attend un camion pour Dakhla. Il est pêcheur, il a soixante quatre ans et il cherche un engagement sur un chalutier. Pas de retraite pour lui, des enfants, une famille à nourrir et, malgré son âge, il va encore reprendre la mer.  Ils nous restent à faire le paquetage et descendre le vélo de l’hôtel, le patron toujours en prière dite à haute voix ne me salue pas. Pars donc, mécréant sans dieu ! Midi, je passe chercher Irène à son hôtel. Ensemble, nous reprenons la route direction El-Marsa, juste trente kilomètres à faire pour une petite ville de bord de mer, lieu de villégiature des forces de L’ONU.  Hôtels de luxe et belles villas pour les accueillir, contraste avec la misère des villages Sahraouis que nous traversons. Le gouvernement marocain fait un effort pour fixer ces population de nomades qui ont beaucoup de mal à se faire à une vie sédentaire. En toute fin de journée, nous trouverons un camping, un bon hectare de terrain sans ombre et totalement dégagé. Seul un camping-car allemand est posé, le gardien nous accueille et nous propose une salle pour dormir. Il viendra même nous apporter une table et des chaises et nous offrira le thé. bel accueil ! Nous passerons la nuit couchés sur un tapis, bien à l’abri et pour un prix dérisoire. Demain grande étape, nous nous sommes bien reposés pour affronter la suite de notre aventure.


DATE: 26 12 2010

LIEU
: LEMSIT

KILOMETRES 95

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

LEMSIT
EL MARSA OU LAAYOUNE PLAGE - LEMSIT

Le soleil se lève après une nuit sous une voute céleste fantastique ! Ici, les étoiles sont beaucoup plus nombreuses et facilement visibles. S’endormir sous ces astres et ces constellations enchantent notre sommeil. Une lumière orange frôle le sol, voir l’astre apparaitre sur le désert n’a pas d’égal, sa lumière se propage sur un horizon dégagé et ses rayons nous permettent de voir ce monde sur un éclairage magique et féérique. Comme les matins sont beaux, notre voyage à vélo nous laisse pleinement le temps d’admirer tout ceci. Le cyclo s’extirpe de son sac de couchage, fringale du matin, et tel un loup affamé prépare son petit déjeuner : thé, pain et miel de cactus. Le carburant est dans le moteur, il ne reste plus qu’à accrocher les pédales, c’est le départ et l’aventure qui commence. On adore les matins car c’est à chaque fois les mêmes questions : quel sera notre parcours ? Qui allons-nous rencontrer ? Ou allons nous dormir ? Rien n’est prévu, seul l’imprévu est attendu, le destin nous joue des tours, vent ou pluie et notre route ne sera plus la même. Quelqu’un peut-être guide nos pneus pour faire de notre voyage et de nos étapes des épreuves à franchir ? Ici on dit inchallah ! Nous, on ne veut rien savoir et rien prévoir, c’est ce qui rend notre aventure plus exaltante. Aujourd’hui pour commencer notre route, c’est la pluie que nous rencontrons. Oh, pas une grosse pluie, trois gouttes chaudes et c’est déjà fini. Elle laisse la place à un ciel bleu et un soleil brulant, les quelques nuages apparus se sont volatilisés aussi rapidement qu’ils sont venus. Notre route passe au dessus d’un tapis roulant de plusieurs kilomètres, il sert au transport du phosphate. Au loin sur la mer, nous voyons les bateaux qui attendent leur chargement. Impressionnant de voir ce tapis se perdre dans le désert, car la mine se trouve à plus d’une centaine de kilomètres et il apporte au port son précieux chargement. Arrêt repas à l’ombre d’une station de relais téléphonique. Nous avons déjà parcouru une cinquantaine de kilomètres et la pause est bien venue. Poulet rôti et vache qui rit engloutis,  nous reprenons notre route jusqu'à la fin de la journée où une station service providentielle nous permet de faire une halte. Le patron de la station nous fait patienter jusqu'à dix heures trente pour nous offrir une salle de repos. Le fait qu’Irène soit là le dérange, je pense, et la présence d’une mosquée toute proche en est certainement la raison, mais il finit par céder à notre demande et nous ouvre une salle pour la nuit.


DATE: 27 12 2010

LIEU
: BOUJDOUR

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

BOUJDOUR
LEMSIT - BOUJDOUR

La nuit fut bonne et notre sommeil réparateur, nous n’avons même pas entendu l’appel à la prière de la mosquée toute proche. La station service ne désemplit pas, elle fonctionne vingt quatre heures sur vingt quatre. Nous y prenons notre déjeuner en regardant les bus et les camions faire une pause. Les voyageurs sortent des autocars de la Supratour pour se dégourdir les jambes et se restaurer. Pour eux la route est longue, d’Agadir jusqu'à Dakhla plus de deux mille kilomètres coincés sur leur siège. La halte leur est salutaire, vite ils foncent aux toilettes et au bar se rafraîchir. Parmi les clients il y a aussi des maliens et des sénégalais, ils rapportent d’Europe des voitures puissantes, en général de belles Mercédès, le coffre remplit d’un précieux butin : télé, hifi, électro ménager qu’ils vont revendre à Bamako ou à Dakar. Ce sont les fous de la route, pied au plancher ils traversent le désert pour gagner leur destination au plus vite. Hier un personnage de la station retenait notre attention, habillé d’une djellaba noire et d’un turban blanc, barbe bien taillée à confondre avec un imam, il se précipitait sur toutes ces voitures. On lui ouvrait le coffre pour qu’il puisse y faire son choix, la marchandise passait de main en main, télés et lecteurs DVD finissaient dans son bureau, un vrai petit businessman aux aguets de tous les bons coups. Aujourd’hui le voilà habillé en militaire, en fait il est affecter à la surveillance de la station et profite de son poste pour faire des affaires. Mais pour l’heure il s’est fait avoir ! La télé achetée six cents dirham ne marche pas, le sénégalais qui le lui a refourguée a été plus malin. Mais bon, ici un vieux poste de télé sur lequel on peut regarder un match de foot, même si l’herbe a une dominance bleue, est un trésor. Ici l’écran plat n’existe pas et nos vieux postes dont nous nous séparons font des heureux. Deux derniers trafiquants de voitures s’arrêtent, casquette de travers et collier autour du cou. Ce sont de vrais personnages de nos banlieues, ils font le plein des voitures et repartent sur les chapeaux de roue. Nous les retrouverons dix kilomètres plus loin, la voiture sur le toit et la marchandise éparpillée sur plusieurs mètres ! La route n’est vraiment pas bonne et conduire à grande vitesse ne pardonne pas. Sur nos vélos pas de vitesse excessive, vingt, vingt cinq kilomètres heure, ce qui nous laisse le temps de repérer les troupeaux de dromadaires, de les voir franchir la route. Il n’y a personne pour les surveiller et sont la cause aussi des accidents, leurs carcasses restent au bord du chemin, témoins des accidents passés. La côte est toute proche et nous permet, le temps d’une halte, de venir admirer la mer et les falaises. Enfin Boujdour, contrôle de police à l’entrée : passeport, profession et renseignements divers, sourire des policiers, on recherche de possibles journalistes et nos vélos ne les inquiètent pas beaucoup. Puis les portes de la ville où deux autruches géantes rappellent ici que ces volatiles étaient présents. Traversée de la grande artère, on aime bien la parade et en général la rue avant le centre ville fait plus d’un kilomètre sur trois voies, bordée de palmiers et de lampadaires géants, de vrais champs Elysées ! Mais à l’intérieur de la cité, pas de goudron dans les petites rues et trottoirs défoncés. Il y a un terrain de camping pour nous accueillir, la tente montée et la douche prise nous partons en ville manger simplement des crêpes et un café au lait, le poulet de ce midi a du mal a passer et le cyclo ainsi qu’Irène sont barbouillés. Nous regagnons nos tentes, le vent souffle fort et fait claquer la toile. On espère qu’elles vont tenir car le sol sur lequel nous les avons installées est dur, il est bien plus propice à l’installation des camping-cars.


DATE: 28 12 2010

LIEU
: PECHEURS DES FALAISES

KILOMETRES 80

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

PECHEURS_DES_FALAISES
BOUJDOUR - PECHEURS DES FALAISES

Donne-moi un crayon ! Les petits princes du désert ne veulent plus qu’on leur dessine un mouton, encore moins une boîte avec l’animal dedans ! Ils veulent de suite le crayon ou les dirhams, ils ne sont pas tombés des étoiles ceux là. Ce ne sont pas des gamins méchants comme j’ai pu l’entendre, pas de jet de pierre si tu leur parles et leur serres la main, ils ne viendront pas te taquiner. D’ailleurs, je pense qu’ils ne viennent chercher que ça, la conversation avec un occidental. La demande d’un crayon est la formule pour rentrer en contact, une phrase en français apprise par cœur. Pour l’heure, on plie nos tentes et le camping-car d’à côté nous a invité pour le petit déjeuner, café et tartine de pain grillé, beurre et confiture nous sont offerts avec gentillesse. Nous démarrons notre route par quelques côtes pas bien difficiles mais un vent contraire nous contrarie. Et dire que tout le monde nous avait promis un vent fort de dos ! Pour l’instant, c’est bien souvent de face que nous devons l’affronter. Nous progressons lentement, le cyclo en tête pour faire bénéficier Irène de sa roue et lui éviter d’affronter le vent. Quatorze kilomètres heure, pas plus, mais nous prenons notre mal en patience, d’autant que le paysage est toujours aussi agréable. Irène aussi n’est pas en reste, elle veut aussi passer en tête pour permettre au cyclo de souffler, et affronte à son tour ce mauvais vent. Arrêt repas sur le bord de la falaise face à la mer, juste une orange pour le cyclo car une autre turista lui chatouille le ventre, le poulet d’hier ne devait pas être très frais. Puis nous reprenons notre route pour constater que le vent qui ne nous était pas favorable s’est estompé et notre progression s’effectue dans de meilleures conditions. Fin de journée, le soleil décline et rien à l’horizon pour passer la nuit. Nous nous arrêtons devant une antenne téléphonique où un jeune pêcheur des falaises nous souhaite la bienvenue. « Vous pouvez venir dormir à côté de nos tentes si tu veux ? Y’a pas de problème, tu peux venir là bas, tu es le bienvenu ». A cinq cents mètres de la route et sur le bord de la falaise, nous voyons un campement. Nous poussons nos vélos sur la piste et de suite, on nous indique une place pour piquer nos tentes. On vient même nous donner un coup de main pour nous installer, ils sont contents de nous avoir parmi eux et nous accueillent avec joie. Ils vont faire griller des dorades grises pour nous les offrir et le cyclo leur achètera des pousse-pieds. Le cyclo est invité dans la soirée dans leur campement pour y prendre le thé, des tentes de fortune  à l’intérieur desquelles de simples paillasses pour dormir y sont posées, des provisions pour plusieurs jours, un réchaud  et quelques gamelles, un confort bien rustique. Ils sont jeunes, vingt ans et en paraissant trente, les visages marqués par un travail pénible, l’argent gagné ira à la famille. Vie de bagnard pour quelques dirham, mais ça ne les empêche pas de te recevoir et de t’inviter à partager leur repas. Ils exercent un travail dangereux, car descendre en bas de la falaise pour ramasser moules et pousse- pieds est particulièrement périlleux. Le cyclo a amené des bonbons et, comme des gamins, ils se jettent sur les friandises. Délicieux moment passé en leur compagnie, le vent du matin a peut être voulu ralentir notre progression pour nous faire faire cette rencontre ? Alors, merci au vent pour ce moment passé avec les pêcheurs des falaises et, à ceux qui un jour passeront aussi ici, allez les voir, vous ne le regretterez pas.


DATE: 29 12 2010

LIEU
: STATIONS SERVICE 1

KILOMETRES 95

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

STATION1
PECHEURS DES FALAISES - STATION SERVICE 1

Les embruns de la mer escaladent la falaise, notre campement est plongé dans le brouillard. Nous distinguons à peine nos tentes, tout est trempé mais le spectacle est féérique. Les pécheurs sont déjà partis au travail. Nous déjeunons et attendons que le soleil apparaisse et sèche nos tentes. Le soleil ne se fait pas trop attendre, il finit par faire monter la température. Très vite, il faut penser à boire car la déshydratation est importante et le stock d’eau diminue vite. Depuis Goulmim, le cyclo a remplacé l’eau du robinet par de l’eau minérale car à partir de cet endroit elle devient imbuvable. La nappe phréatique contient un peu de sel et laisse en bouche un goût désagréable. Nous évoluons dans un décor de plus en plus dépourvu de végétation, les quelques rares plantes qu’il reste sont chétives. La route sent la sardine, les camions de transport du poisson dégazent sur le bord de la nationale et, à chaque fois, une odeur pestilentielle envahie nos narines. Une vraie plaie ces camions, ils vont jusqu'à vidanger devant les très rares cafés qui bordent la route, laissant une trace noire sur le sable. Et parfois, c’est même le poisson que l’on jette en tas. Toutes ces sardines iront jusqu'à Tan-Tan pour la mise en boîte et partiront pour l’Europe sous différentes marques. Sur cette boite, il y aura peut être la photo d’un pêcheur breton pour le marketing, mais c’est ici que la plupart de ces boîtes sont fabriquées. Le bonheur de la mondialisation où nos aliments parcourent des milliers de kilomètres, afin de bénéficier d’une main d’œuvre bon marché et des conditions d’hygiène plus que douteuses ! Il y a aussi les carcasses de pneu, un pneu tous les kilomètres, le mauvais état de la route et des pneumatiques en fin de course remplissent le désert. Quel dommage de voir un si beau pays crouler sous les détritus ! Et même en plein désert, on découvre des champs de plastique, la population n’a pas l’air de voir la catastrophe écologique que peuvent produire ces déchets, même dans les villes on jette dans la rue ses détritus. Pas de poubelle ni de ramassage d’ordures, le plastique est une vraie plaie. Aujourd’hui la route nous paraîtra longue, le soleil cogne dur et une pause déjeuner sans un coin d’ombre ne sera pas un moment de repos. Enfin, en fin de journée, nous apercevons une station service, véritable oasis pour la nuit. Un thé, et nous demandons au patron s’il peut nous héberger pour la nuit. Là, pas de problème, il nous réserve un bon accueil et nous donne de suite une salle pour dormir. Tajine de mouton pour le cyclo et poissons pour Irène, ce ne sera pas un repas inoubliable mais dans le désert, faut pas s’attendre à trouver fruits et légumes et manger autre chose que de la « vache qui rit » et surtout des sardines, quelle joie !


DATE: 30 12 2010

LIEU
: STATION SERVICE 2

KILOMETRES 110

TEMPERATURE: 25

ALTITUDE:

STATION2
STATION SERVICE 1 - STATION SERVICE 2

Difficile de dormir dans de telles conditions, toute la nuit les bus et les camions se sont arrêtés dans la station, la télé a diffusé des matchs de foot, le son à fond et le cuisinier n’a pas arrêté de cuire et trancher les poissons. Les gens sont venus nous regarder dormir et ont défilé aux WC tout proche. Notre sommeil fut en pointillés, de plus le cyclo a encore une petite turista, donc mal de ventre et squat des WC. Il nous faut bien continuer notre route si nous voulons passer le réveillon à Dakhla et, avec la fatigue, ce sera une dure journée qui nous attend. Un petit déj au restoroute avec pain moisi et café au lait, et nous voilà sur nos machines à pédaler dans un paysage minéral et de plus en plus aride. Plus de dromadaires, une végétation de plus en plus rare, la falaise et la mer sur notre gauche, à droite un horizon infini devant la route droite qui disparaît sous les mirages de chaleur. Le sol est plein de fossiles de coquilles saint- jacques. Il y a longtemps, la mer recouvrait toute cette étendue. Parfois, quelques collines où l’érosion poursuit son travail, la pierre est sculptée par le vent et les rares pluies. Nous ne nous lassons pas d’admirer cet univers hostile et fascinant, paysage lunaire aux couleurs changeantes aux différentes heures de la journée. A midi, nous sommes doublés par des camping-cars que nous avions déjà vus il y a deux jours. Ils s’arrêtent pour nous saluer et nous leur demandons de l’eau afin de faire un peu de vaisselle et remplir nos gourdes. Ils feront bien plus que ça, nous offrant fruits, pain et biscuits ainsi qu’un délicieux fromage venu directement de France. Oh là le festin pour le cyclo ! Il l’a pas laissé moisir au soleil son bout de camembert, et comme c’était l’heure du repas on l’a pas non plus laissé couler au soleil. Nous étions justement à la hauteur d’un village fantôme, destiné normalement à installer les populations Sahraouis, et nous avons profité de l’ombre des bâtiments pour nous installer. Le gardien vient et nous propose de venir chez lui prendre un thé. Pas de refus, l’hospitalité n’est pas un vain mot. Le thé servi, il me parle de Jérémie et Claire que nous poursuivons depuis quelques jours et qui sont restés dormir ici. Encore des nouvelles de nos deux cyclos devant nous, ils ont deux jours d’avance. L’après midi, nous pédalerons jusqu’aux limites que le coucher de soleil impose. Nous sommes devant le village de N’tirift, encore quelques maisons construites pour les Sahraouis et un grand village de tentes, presque un bidonville laissé à l’abandon. Notre seul lieu pour dormir sera la station service à la sortie de la ville où le pompiste nous proposera le garage. Ce soir ce ne sera pas le luxe, le sol est sale, deux poules sont dans la pièce et ont laissé sur le sol quelques traces, mais nous sommes en sécurité pour la nuit. D’autant qu’un gendarme est passé pour vérifier que tout allait bien pour nous, il repassera dans la nuit afin de voir si nous sommes en sécurité et déplacera même nos vélos pour les mettre à l’abri d’un vol.


DATE: 31 12 2010

LIEU
: DAKHLA

KILOMETRES 65

TEMPERATURE: 30

ALTITUDE:

DAKHLA
STATION SERVICE 2 - DAKHLA

Ca sent l’huile de vidange et le gasoil dans notre chambre de fortune ! Il est sept heures, nous nous réveillons. La station n’est pas encore en marche, le groupe électrogène qui l’alimente va s‘allumer pour servir les premiers clients qui commencent à tomber en panne sèche avant la frontière Mauritanienne, ici l’eau et l’essence ne sont pas à négliger. Nous nous faisons chauffer un petit déj de fortune, ce sera tartine de vache qui rit et thé pour ce matin, le cyclo avale ça sans grand enthousiasme. Il faut bien se nourrir pour entamer la journée mais on sature vite de n’avoir que ça à se mettre sous la dent, on rêve de croissant au beurre et de tartine de confiture avec un grand bol de café. Huit heures et demie, nos vélos sont prêts, les bagages sont repliés. La brume est tombée, un brouillard venant de la mer toute proche nous laisse sur la peau et les vêtements de fines gouttelettes d’eau. On s’engage sur la route avec prudence car nous sommes peu visibles dans cette brume. Il ne nous reste que soixante cinq kilomètres pour arriver à Dakhla, pas de précipitation, nous roulons tranquillement et, sous les coups de dix heures, nous voilà à ce qu’on appelle ici le PK40, embranchement entre la presqu’ile de Dakhla et Nouadhibou. Le brouillard s’est levé, laissant la place à un soleil radieux. Encore un contrôle de police ! Formalité sympa car nous commençons à y être habitué, et nous nous engageons dans la presqu’île. Dès le début, nous tombons en admiration devant la lagune, immense plage bordée de falaises et de dunes de sable. Tout au long du parcours de cette bande de terre, nos yeux pourront scruter un paysage magnifique qui permettra au cyclo d’oublier les douleurs au fessier, dues au manque d’hygiène de ces trois derniers jours et à la perte de poids. De nouveau un contrôle de police à franchir à l’entrée de Dakhla, ville de garnison.  Les militaires sont partout et nous rappellent que nous sommes dans un territoire encore disputé avec les Sahraouis,  puis nous franchissons les portes de la ville pour nous jeter dans le premier resto et déguster un couscous géant que nous saurons apprécier, après le régime subi de ces trois derniers jours. Et comme d’habitude, le cyclo n’a pas mis plus de cinq minutes pour engloutir son assiette. Il nous reste à trouver notre hôtel pour les deux jours que nous passerons ici. Un passage au « Samarkand », resto que nous ont conseillé des campingcaristes pour réserver notre réveillon de ce soir. Le temps de boire un café dans cet établissement et le cyclo se retrouvera sans duvet, un vol qui nous met dans l’embarras car il nous est impossible ici de le remplacer, et les nuits dans le désert sont fraîches. Coup de colère du cyclo, mauvaise fin d’année 2010 ! L’hôtel trouvé, on file sous la douche que l’on apprécie longuement, puis lessive et détente. Dans le hall, nous faisons la rencontre de profs en poste à Nouakchott. Ils nous rassurent sur la sécurité en Mauritanie et nous conseillent de continuer notre aventure en vélo à travers ce pays. Décidément, les infos favorables pour cette traversée se succèdent, après la confirmation qu’un cycliste vient d’arriver au Sénégal (information transmise par Rémi et Claire qui ont déjà fait la traversée en bus). Tout nous conforte donc pour le reste de notre aventure. Reste à aller réveillonner au restaurant, loin de nos familles. A table, nos pensées seront pour elles qui, en France, on en est sûr, feront de même.


DATE: 01 et 02 01 2011

LIEU
: DAKHLA

KILOMETRES 65

TEMPERATURE: 30

ALTITUDE:

NOUANNEE
DAKHLA

Bonne surprise aujourd’hui ! Christian et Marie-Ange, des camping-caristes que nous avons croisés deux fois sur notre route et qui nous ont à chaque fois dépannés, sont venus devant notre hôtel avec leur véhicule pour nous offrir l’apéro. En fait d’apéro, ce fut un véritable repas qu’ils nous ont offert ! D’abord un verre de Martini blanc comme on en rêvait dans le désert, puis foie gras confiture de poivron, jambon de sanglier, saucisson olives et j’en passe. Ils ont vraiment voulu nous faire plaisir et se sont mis en quatre pour que nous passions un bon moment en leur compagnie. C’est bien la première fois que nous rencontrons des camping-caristes qui se rendent compte de ce que nous vivons dans notre voyage à vélo. Ils ont même offert une couverture au cyclo afin de remplacer son duvet volé. Ce réveillon sera un très bon souvenir, dans une rue de Dakhla à l’intérieur du camping-car ce fut vraiment un bon moment, qui a fait un petit peu oublier au cyclo qu’il est loin de sa famille en ce jour important. Ca fait déjà plus de trois mois que nous sommes sur la route et l’éloignement commence à peser. Les journées du premier et du deux janvier seront pour nous des jours de repos, seulement la lessive à faire et le site à mettre à
jour. Il faut se préparer à traverser les parties les plus dures du désert, un long moment de détente est donc bienvenu.


DATE: 03 01 2011

LIEU
: EL ARGOUB

KILOMETRES 90

TEMPERATURE: 30

ALTITUDE:

DAK
DAKHLA - EL ARGOUB

Nous reprenons la route après avoir passé le réveillon du nouvel an à Dakhla. Comme à chaque fois, ça fait du bien de bouger et de reprendre le vélo, même pour la partie du désert la plus difficile du Maroc car tout au long cette traversée, il y a peu de possibilités de ravitaillement et d’hébergement. Nous partons tout de même tranquillement, ce qui compte c’est surtout de sortir de la presqu’ile, quarante kilomètres jusqu'à ce que l’on appelle le PK40 où se trouve le dernier point de contrôle de la gendarmerie. Mais avant, petit arrêt dans la lagune pour se baigner, l’eau est à la bonne température et en plus le cadre est magnifique. Les dunes de sable du désert plongent directement dans la mer et, sur plusieurs centaines de mètres, on a pied dans une eau claire. Le cyclo passe un moment agréable dans une mer dans laquelle on peut facilement voir plonger les poissons et les cormorans. Nous prenons notre repas sur le bord de la plage et, sitôt terminé, nous repartons pour franchir le poste de contrôle avec toujours les mêmes questions : où allez vous ?  Quelle profession ? Mais avec le sourire on passe rapidement, ne surtout pas faire de photo, le lieu est stratégique, faut vraiment le deviner que c’est du secret défense ce tout petit poste de garde, occupé seulement par une dizaine de militaires. Nous voilà sur la route du désert, une caravane de voitures nous dépasse, ce sont les conccurents d’un rallye, des 4X4  qui foncent à toute allure sur la nationale. Ils vont vivre la terrible aventure du désert et sont surpris de nous voir le traverser à vélo. Je pense que ça balaie un peu leur rêve d’aventure extrême de nous voir sur nos bicyclettes affronter le même trajet qu’eux. Vient l’heure de trouver un endroit pour passer la nuit, après avoir apprécié les magnifiques paysages que nous a dessinés la nature. Et quel paysage que la lagune de Dakhla ! Premier arrêt à un poste d’essence, mais le patron ne nous paraît pas très honnête et semble vouloir nous arnaquer sur le prix des chambres et de la nourriture. On reprend la route, dépassons la ville de El Argoub pour nous poser dans une deuxième station service distante d’une dizaine de kilomètres. Sur la nationale, nous croisons une voiture française. Ses occupants viennent de Nancy et ont déjà entendu parler de nous, ce sont eux d’ailleurs qui ont emmené Rémy et Adeline au Sénégal. Le monde est petit, et dans le désert il n’y a qu’une piste. Ils nous suivent en nous éclairant  de leurs phares sur nos derniers kilomètres. Un petit moment à discuter ensemble, eux reviennent de vacances du Sénégal et sont contents de nous rendre service. Ils récupèrent quelques affaires d’Irène pour les ramener en France, nous donnent de l’eau et nous laissent dans la station service où nous dormirons à côté du groupe électrogène en marche jusqu'à minuit, en plus du ballet des voitures des pécheurs qui viennent remplir leur bidon d’essence pour leur bateau, et des chiens qui hurlent. Un beau vacarme  pour notre nuit de sommeil ! Ce soir ce sera repas composé de boîtes de sardines et vache qui rit, il n’y a rien à manger dans la station. Il faut puiser dans nos réserves, notre menu est déjà tout fait comme d’habitude.


DATE: 04 01 2011

LIEU
: AIN BERDA

KILOMETRES 83

TEMPERATURE: 30

ALTITUDE:

DAK
EL ARGOUB - AIN BERDA

La nuit fut très dure, le bruit d’abord puis le froid. Eh oui, sans duvet le cyclo a grelotté ! Autant la journée le soleil cogne dur, autant les nuits sont fraîches. Un déjeuner rapide avec ce que nous avons dans nos provisions, vache qui rit et pain plus un thé chauffé rapidement. On regarde l’orientation du vent, pas favorable du tout, encore une journée de galère et une épreuve difficile. Il n’y a rien de pire pour casser le moral que ce vent de face. Prendre son courage à deux mains et nous voilà sur la route. La circulation est moins dense sur cette portion du désert, il reste à se méfier des convoyeurs de voitures pour le Mali et le Sénégal et des quelques camions de légumes exportés en Mauritanie. Donc nous pouvons parfois rouler à deux de front et apprécier les paysages changeants du désert. Ici la roche calcaire a été sculptée par l’érosion et dessine les reliefs, les roches ont pris des formes torturées comme des coulées de lave. Parfois nous croisons encore quelques troupeaux de dromadaires et restons en admiration quand ces bêtes traversent la route. Elles semblent être en liberté mais elles ont un propriétaire que bien souvent nous ne voyons pas. Ce matin, nous franchissons la ligne du Tropique du Cancer et nous nous arrêtons pour prendre une photo devant le minuscule panneau de signalement. Treize heures, un resto et une station service où nous pouvons nous ravitailler ! On se précipite d’abord sur un coca comme des assoiffés, la gorge bien asséchée par la chaleur, et commandons un tajine vite englouti. Le cyclo en profite pour dormir un peu en attendant que le soleil soit moins fort, puis après avoir fait le plein d’eau et de nourriture, on repart, pas beaucoup motivés et bien fatigués. Sur le bord de la route, il y a beaucoup d’engins de chantier, ils sont en train de creuser une tranchée pour poser la fibre internet jusqu’au Sénégal. Quand le soir viendra, nous profiterons du campement des ouvriers pour y passer la nuit. Ils nous offriront l’hospitalité dans une de leur tente de fortune, ici les ouvriers bénéficient d’un confort très rudimentaire. Pas de toilettes, peu d’eau pour se laver, pas de douche, et le travail du matin 7 heures jusqu’à au soir 19 heures, pour finir leur journée dans des baraquements de fortune sans aucun confort.


DATE: 05 01 2011

LIEU
: BARBAS

KILOMETRES 130

TEMPERATURE: 30

ALTITUDE:

DAK
AIN BERDA - BARBAS

Hier on a prévu de partir de bonne heure avec Irène, et à six heures trente nous voilà réveillés et en train de préparer notre déjeuner. Les ouvriers viennent nous proposer un petit déjeuner, du thé et du pain avec de l’huile,  nous avons déjà mangé mais le cyclo ne refusera pas le thé qu’ils avaient préparé à notre intention. Nous voilà accrocher à notre pédalier, le vent n’est toujours pas favorable mais moins fort qu’hier, notre moyenne s’en ressent, nous parcourons une bonne distance le matin par rapport à hier. Mais nous traînons quand même, nous ne voulons pas filer comme des fous et ne rien voir du paysage qui est toujours aussi fantastique. Il serait tout de même dommage de foncer tête baissée et de ne pas profiter de tout cela. Pour le repas nous attendons de trouver de l’ombre, et ici l’ombre est chère, même très chère ! Mais pas question de manger au soleil, on brûle sur place. Coup de chance, aujourd’hui il y a un relais téléphonique et un gardien et sa femme  nous invitent de suite chez eux afin de nous faire profiter de la fraîcheur de leur maison. Najid et Naima veulent nous faire à manger, ils nous offrent d’abord du lait de chèvre, que l’on boit dans une grande calebasse, et le thé. Pour le repas on refuse, on ne veut surtout pas abuser de ces gens qui sont si généreux. Ils rient tout le temps et sont heureux de nous inviter, ils vont tout de même sortir des provisions à notre intention, des dattes que nous ne pourrons pas refuser. Pour le reste, nous ferons avec nos provisions et notre eau. Il est temps de reprendre la route et cela malgré le soleil brulant, car le prochain lieu où nous pourrons nous ravitailler est encore loin. Sur la route nous sommes doublés par trois 4X4 allemands, ils s’arrêtent, nous photographient et nous filment. On leur demande du pain, ils nous offrent une bière, des bonbons et des saucisses. Gloups ! Ca fait pas trois secondes pour le cyclo,  il boit sa bière chaude et avale la saucisse. Ils sont forts ces allemands pour t’offrir de la cochonnaille en plein désert avec une petite mousse ! On va  bien zigzaguer sur la route hic ! vive la Bavière et leurs saucisses, boire un petit coup c’est agréable sous ce cagnard. Toujours rien en vue sur la route, pas de ville ni de station service. Nous avons déjà fait plus de cent dix kilomètres et Irène, qui a bien forcé toute la journée, a mal aux genoux. Nous arrêtons un véhicule militaire pour leur demander la distance qui nous sépare du prochain poste à essence et, à l’aide de son GPS, on nous donne les kilomètres restants : quatorze, ouf ! Plus que ça à faire, ça nous redonne du courage. Le soleil tombe et nous apercevons, cinq kilomètres avant, les formes de la ville se dessiner à l’horizon. Sauvés ! Nous n’avions plus beaucoup d’eau et bivouaquer dans le désert avec les vipères à cornes qui pullulent, non merci ! De plus, un panneau nous indique la présence de mines, bon il n’y en a certainement plus mais on ne va tout de même pas essayer. Il n’y a pas si longtemps, il fallait traverser ce coin en convoi sous la surveillance des militaires. Ce soir, ce sera nuit dans un hôtel avec douche et repas au resto. Nous sommes à Barbas, la dernière ville avant la frontière.  Il ne nous reste que quatre-vingt kilomètres à faire en territoire marocain et ce sera la Mauritanie.


DATE: 06 01 2011

LIEU
: FRONTIERE

KILOMETRES 87

TEMPERATURE: 30

ALTITUDE:

DAK
BARBAS - FRONTIERE MAURITANIENNE

La journée d’hier a laissé des traces, d’abord sur les cuisses  et ensuite sur les lèvres qui ont brulé au soleil. Petit déjeuner au restaurant avant de s’élancer sur la route, nos derniers coups de pédale au Maroc et on va être gâtés car la route est magnifique, légèrement vallonnée entre des roches déchiquetées par l’érosion.  Le vent et le sable ont sculpté la roche, de plus le soleil joue avec les formes, rendant le spectacle irréel et parfois lugubre, digne d’un film d’épouvante.  Plus beaucoup de végétaux, un paysage totalement minéral, sur nos vélos on se met à rêver. Quelle chance de faire cette traversée à cette vitesse et de pouvoir prendre le temps d’admirer ceci. Nous sommes bien emmitouflés dans notre chèche, elle nous protège bien du soleil et en plus notre respiration à l’intérieur garde une humidité sur nos têtes, on ne peut pas concevoir de traverser le désert sans. Il nous faut encore trouver de l’ombre pour manger et c’est à côté d’une antenne radar, chargée de surveiller la côte de la contrebande de cigarettes et du passage des clandestins venus de Mauritanie, que nous trouverons refuge contre ce soleil de plomb. L’antenne est gardée par deux marines marocains qui nous offrent une couverture pour nous asseoir, un bol de lait avec des légumes mixés et, pour finir, un petit whisky marocain et du thé. Ils sont bien sympas et viennent discuter avec nous, ils sont curieux de notre voyage et de notre sentiment sur leur pays, Nous les quittons car il nous reste quarante kilomètres à parcourir et nous voulons être posés ce soir devant la frontière. Mais pour aujourd’hui, pas de problème, c’est sans grande difficulté que nous arrivons. Le temps de boire un coca de s’installer dans l’hôtel, de prendre une douche, et nous sommes devant notre dîner. Nous regardons en face le poste frontière,  notre ultime épreuve au Maroc. Ce soir on va s’endormir avec le chant des grillons, la tête pleine de rêves sur la Mauritanie. Que sera notre voyage une fois la frontière passée ?