On quitte le Maroc, ce matin c’est la frontière que l’on va franchir. Devant le poste frontière il y a déjà foule, camions de légumes marocains, revendeurs de voitures au Mali et au Sénégal, touristes et mauritaniens font la queue. Nous prenons notre petit déjeuner au restaurant en attendant l’ouverture à neuf heures. Avec nos vélos, pas besoin de faire la queue. Dès l’ouverture nous passons devant et remplissons les formalités, une fiche à remplir, puis quatre guichets où nous devons montrer nos passeports : gendarmerie, police, douane, à chaque fois les mêmes questions et le même registre que remplit l’employé. Pour les autres, fouille de la voiture, contrôle des numéros de châssis et de moteur. La fouille est méticuleuse, on ne rigole pas. Pour certains, le numéro de moteur ne correspond pas à la plaque d’immatriculation et c’est le refus de passage. Enfin dix heures trente et nous pouvons franchir le « no man’s land » entre les deux postes frontière. On nous avait décrit un endroit difficile à passer, il n’en est rien, juste la piste qui est bien dure car elle n’est pas goudronnée et est jonchée de carcasses de voiture et d’appareils ménagers. Juste trois kilomètres, on ne risque pas de se perdre, puis vient le poste mauritanien avec son lot de petits trafics en tous genres, cigarettes, échange d’argent, aide à remplir les papiers pour passage à la douane. Poste de douane, on nous prend nos passeports et on nous fait patienter, peut être veut on de l’argent pour faciliter notre passage ? Mais nous attendons tranquillement, assis sur les marches, et tout vient à point pour celui qui sait attendre. A onze heures et demie, on nous ouvre la barrière et nous rentrons en Mauritanie. Dès le début le paysage change, des dunes de sable le composent, plus de roches comme sur les derniers kilomètres au Maroc. Quelques kilomètres pour rejoindre la nationale et à droite pour la direction de Nouadhibou. Un arrêt pour manger à l’ombre d’une cabane, il ne nous reste qu’une trentaine de kilomètres à parcourir avant d’arriver en ville. Sur notre gauche nous voyons le banc d’Arguin et sur notre droite la ligne de chemin de fer pour la mine de minerais de Zoueirat, où nous aurons la chance de voir le train le plus long et le plus lourd du monde passé avec ses passagers dans les godets à minerais. Enfin Nouadhibou et sa circulation, de suite l’Afrique et conduite anarchique, enfants qui nous courent après en réclamant un cadeau au risque de nous faire tomber, chèvres en liberté, taxis nous coupant la route pour faire monter des passagers. Ici on conduit au klaxon, c’est un vrai concert, plus de priorité, il faut rester sur tes gardes si tu ne veux pas te faire renverser, un vélo ne compte pas beaucoup dans ce flot de circulation. Nous trouvons un lieu pour dormir au camping de « la baie des lévriers ». Pour deux mille ouguiya, le cyclo passera la nuit dans une kaïma et pour ce soir, le cyclo a déjà repèré un petit resto assez propre pour dîner. On nous sert des spaghettis aux crevettes dans une assiette géante et, pour la première fois, on sort de table bien repus, car au Maroc il existe bien une bonne cuisine mais pas dans les restaurants de bord de route dans lesquels on nous a servi des tajines, la plupart du temps accompagnés simplement d’oignons. Première nuit en Mauritanie, la ville est bruyante, klaxon, musique, fini les grillons qui berçaient notre sommeil dans le désert. Mais une nouvelle aventure commence dans un pays bien différent de ceux que nous avons traversés.