CARNET DE ROUTE MAURITANIE

DATE: 07 01 2011

LIEU
: NOUADHIBOU

KILOMETRES 62

TEMPERATURE:35

ALTITUDE:

NOUADIHBOU
FRONTIERE - NOUADHIBOU

On quitte le Maroc, ce matin c’est la frontière que l’on va franchir. Devant le poste frontière il y a déjà foule, camions de légumes marocains, revendeurs de voitures au Mali et au Sénégal, touristes et mauritaniens font la queue. Nous prenons notre petit déjeuner au restaurant en attendant l’ouverture à neuf heures. Avec nos vélos, pas besoin de faire la queue. Dès l’ouverture nous passons devant et remplissons les formalités, une fiche à remplir, puis quatre guichets où nous devons montrer nos passeports : gendarmerie, police, douane, à chaque fois les mêmes questions et le même registre que remplit l’employé. Pour les autres, fouille de la voiture, contrôle des numéros de châssis et de moteur. La fouille est méticuleuse, on ne rigole pas. Pour certains, le numéro de moteur ne correspond pas à la plaque d’immatriculation et c’est le refus de passage. Enfin dix heures trente et nous pouvons franchir le « no man’s land » entre les deux postes frontière. On nous avait décrit un endroit difficile à passer, il n’en est rien, juste la piste qui est bien dure car elle n’est pas goudronnée et est jonchée de carcasses de voiture et d’appareils ménagers. Juste trois kilomètres, on ne risque pas de se perdre, puis vient le poste mauritanien avec son lot de petits trafics en tous genres, cigarettes, échange d’argent, aide à remplir les papiers pour passage à la douane. Poste de douane, on nous prend nos passeports et on nous fait patienter, peut être veut on de l’argent pour faciliter notre passage ? Mais nous attendons tranquillement, assis sur les marches, et tout vient à point pour celui qui sait attendre. A onze heures et demie, on nous ouvre  la barrière et nous rentrons en Mauritanie. Dès le début le paysage change, des dunes de sable le composent, plus de roches comme sur les derniers kilomètres au Maroc. Quelques kilomètres pour rejoindre la nationale et à droite pour la direction de Nouadhibou. Un arrêt pour manger à l’ombre d’une cabane, il ne nous reste qu’une trentaine de kilomètres à parcourir avant d’arriver en ville.  Sur notre gauche nous voyons le banc d’Arguin et sur notre droite la ligne de chemin de fer pour la mine de minerais de Zoueirat, où nous aurons la chance de voir le train le plus long et le plus lourd du monde passé avec ses passagers dans les godets à minerais. Enfin Nouadhibou et sa circulation, de suite l’Afrique et  conduite anarchique, enfants qui nous courent après en réclamant un cadeau au risque de nous faire tomber, chèvres en liberté, taxis nous coupant la route pour faire monter des passagers. Ici on conduit au klaxon, c’est un vrai concert, plus de priorité, il faut rester sur tes gardes si tu ne veux pas te faire renverser, un vélo ne compte pas beaucoup dans ce flot de circulation. Nous trouvons un lieu pour dormir au camping de « la baie des lévriers ». Pour deux mille ouguiya, le cyclo passera la nuit dans une kaïma et pour ce soir, le cyclo a déjà repèré un petit resto assez propre pour dîner. On nous sert des spaghettis aux crevettes dans une assiette géante et, pour la première fois, on sort de table bien repus, car au Maroc il existe bien une bonne cuisine mais pas dans les restaurants de bord de route dans lesquels on nous a servi des tajines, la plupart du temps accompagnés simplement d’oignons. Première nuit en Mauritanie, la ville est bruyante, klaxon, musique, fini les grillons qui berçaient notre sommeil dans le désert.  Mais une nouvelle aventure commence dans un pays bien différent de ceux que nous avons traversés.


DATE: 08 01 2011

LIEU
: NOUADHIBOU

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:33

ALTITUDE:

NOUADIHBOU
NOUADHIBOU

Jour de repos à Nouadhibou au camping de « la baie des lévriers »,  un coin bien sympa où descend la plupart des européens,  facile à trouver en suivant la route principale de Nouadhibou jusqu’au panneau qui signale sa présence. Nous profiterons peu de la ville car il faut se remettre en forme pour la suite de notre périple, la partie de désert qui nous reste sera la plus difficile. Nous avons peu d’infos sur cette route, où se trouvent les points de ravitaillement et les lieux pour bivouaquer ? Nous irons juste dans les ruelles aux alentours du camping. La ville a poussé anarchiquement, ruelles de sable, maisons en partie finies ou à moitié détruites, terrains vagues où sont implantées des petites cabanes en bois et des khaimas. Les chèvres circulent en toute liberté et se nourrissent sur les tas d’ordures qui jonchent les trottoirs, population hétéroclite venue des quatre coins de l’Afrique, sénégalais, maliens, gambiens. Ils sont la main d’œuvre des travaux les plus pénibles ou tiennent de petits commerces à même le trottoir, vendeuse de beignets ou d’un verre de café, cigarettes à l’unité ou cartes téléphoniques, vieux téléphones recyclés, montres ou lunettes de soleil, bien peu de choses mais cela permet de survivre. Les enseignes des boutiques font sourire, les lire provoque parfois le fou rire. Surtout ne pas relâcher son attention car pour un piéton la circulation est dangereuse. On roule au klaxon, les panneaux sont là pour la déco, ni le stop ni le feu rouge est respecté, ici le plus fort passe. Piéton méfies toi, la voiture est reine ! Nouadhibou, lieu d’exode de l’Afrique où certains attendent un hypothétique passage en bateau vers les Canaries ou l’Europe, toute cette ambiance fascine nos yeux d’européen, début d’une Afrique colorée, climat bien différent du Maroc pourtant tout proche, regain de curiosité pour une nouvelle société. Le temps passe vite, d’autant plus que je dois mettre le site à jour et les connexions ici sont problématiques. Ordinateurs d’un autre temps, connexions aléatoires vers l’Europe. FREE, notre hébergeur du site, est en pleine maintenance et les envois sont difficiles. Le cyclo fait toute sa lessive et le rangement des affaires dans les sacoches, le seul moment de détente que nous pourrons apprécier sera au restaurant juste en face du camping où l’accueil et la cuisine sont bons. Juste en fin de soirée le patron du camping, Ali, vient de rentrer. Nous profitons de ses connaissances en tant que guide et recevons ses conseils pour nos futures étapes. Il nous suggère de partir demain en camion jusqu'à l’embranchement de la frontière, car le vent nous est terriblement défavorable et il y a justement deux camionnettes de français qu’il doit guider sur le banc d’Arguin et qui peuvent nous déposer à l’embranchement. Cela nous évitera quarante kilomètres pénibles et nous fera sortir de la presqu’ile de Nouadhibou, et nous mettra en bonne position pour les étapes en direction de Nouackchott et la partie de désert que nous avons devant nous. Hop ! Sous la khaima pour dormir, la nuit sera fraîche car la couverture qui nous a été donnée par Christian et Marie-Ange est peu épaisse et petite, épaules couvertes les pieds sont à l’air, mais demain départ pour une route inconnue, ultime épreuve du désert.


DATE: 09 01 2011

LIEU
: BIR EL GAREB

KILOMETRES 103

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

BIR EL GAREB
NOUADHIBOU - BIR EL GAREB

Foutu haut parleur qui a diffusé des paroles du coran jusqu'à deux heures du matin ! J’imagine le curé du village réciter la bible en haut de son clocher. La nuit suivante, j’en suis sûr, on lui coupe la langue mais ici, du moment que ce sont des paroles saintes, tu peux tout te permettre et brailler jusqu'à très tard. Sept heures, réveil brutal ! On n’avait pas prévu ça, les camionnettes des français doivent partir de bonne heure si elles veulent prendre la route par la plage et profiter de la marée basse jusqu'à Nouakchott, il faut aller vite. Panique, on n’est pas prêts on ne pensait pas partir si tôt. On récupère vite à manger dans la boutique à côté du camping, puis chargement des vélos dans les camionnettes. Nous voilà partis, bousculés dès le matin. Nous sommes déposés au croisement de la route du poste frontière, reste plus qu’a enfourcher nos vélos pour reprendre notre aventure. Nouvelle route et nouveau paysage, khaimas et cabanes en bois éparses le long de la route, quelques projets d’ONG sur des petits jardins maraîchers arrosés avec l’eau du train de la mine, où des projets de vente de lait de chamelle permettent à quelques personnes de vivre dans cette région aride. Nous regardons une dernière fois le train de la mine passer et sommes toujours impressionnés par sa longueur. Plus de deux cents wagons et quatre locomotives pour transporter le minerai de fer jusqu’au port. Pour notre plus grand malheur, le vent a changé de direction et notre vitesse est limitée, à midi nous ne sommes qu’au village de ?? Et choisissons de faire une pause pour manger. Les villageois nous invitent à rentrer dans une de ces cabanes pour se protéger du soleil qui cogne dur. Nos provisions se limitent toujours aux boîtes de sardines, de thon et maquereau plus vache qui rit. Des repas sans plaisir, il faut simplement se nourrir avec ce que l’on trouve. Une conversation s’engage avec un chauffeur de taxi sur un sujet brûlant dans la région : la religion. Comment ? Tu n’as pas de religion le cyclo ? Tu ne crois pas en dieu ? Pour lui, c’est impossible, il est ahuri, il jette même un sort au cyclo. Si Allah le décide, tu n’iras pas à Nouakchott c’est lui qui décide ! Il est en colère et marmonne. Promis, juré, je ne dis plus que je n’ai pas de dieu. On ne tarde pas trop après manger, le vent nous laisse peu de temps de répit, si nous voulons atteindre un lieu sécurisé pour passer la nuit on ne doit pas traîner. Il peut souffler ce foutu vent, le cyclo ne croit qu’en ses jambes pour le mener à bon port, il pousse sur les pédales sans relâche. Irène fait de même et les kilomètres s’enchainent, la fatigue gagne et le soleil tombe, nous sommes toujours dans un paysage de steppes aride et plat. Juste quelques buissons chétifs qui sont la nourriture des dromadaires. Rien en vue pour passer la nuit, mais encore la destinée ! Un pick-up vient à notre secours et nous charge avec nos vélos à l’arrière. Ici on veille sur notre sécurité avec grand soin et la population entière y est attentive, il nous avance jusqu’au poste de gendarmerie distant de vingt cinq kilomètres, il y a aussi une auberge pour passer la nuit. Deux mille ouguiyas pour loger dans une petite case bien agréable mais très rustique. Notre journée est finie, un repas rapide. Si à midi, on a mangé des sardines, ce soir ce sera boîte de thon, dans la petite épicerie du village pas d’autre choix. La plupart des habitants du coin vit en autarcie, pas de pain non plus, il  nous faut faire juste avec ce que nous pouvons transporter. On se couche et à deux heures du matin, un gendarme me réveille pour me dire que nous sommes en sécurité et qu’il veille sur nous. Merci, je vais pouvoir me rendormir si dieu veut, inch’Allah !


DATE: 10 01 2011

LIEU
: BIR EL GAREB

KILOMETRES 68

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

GARE DU NORD
BIR EL GAREB - STATION GARE DU NORD

Les yeux nous picotent, nous voyons le soleil se lever à travers les planches de la porte d’entrée. Irène fait chauffer son lait, ça aurait pu être une bonne nuit si nous n’avions pas été réveillés par ce gendarme. L’esclave de l’auberge (Eh oui, ici une caste de noirs mauritaniens est au service des maures blancs, ils n’ont pas d’argent et pas de travail, donc malgré l’abolition de l’esclavage dans le pays, ils restent au service des anciens maîtres) m’apporte un thé. Nous poussons nos vélos hors du sable et regagnons le goudron, il fait encore frais quand nous enfourchons nos machines. Les quelques dunes que nous apercevons prennent les belles couleurs du soleil levant, quelques arbrisseaux poussent de ci de là et toujours ces quelques petits buissons qui s’acharnent à survivre sous ce soleil. A dix heures le ciel devient légèrement jaune, une tempête de sable nous arrive dessus avec un fort vent de face, le cyclo s’est emmitouflé dans sa chèche et porte des lunettes de soleil pour se protéger les yeux du sable. La partie s’engage mal face au sable que nous voyons glisser sur la route comme un voile de fumée jusqu’à la faire presque disparaître. Le vent annihile nos efforts, vélos collés sur le goudron nous ne dépassons pas les douze kilomètres heure. Les muscles tendus, on appuie sur les pédales comme des acharnés, le cyclo n’en démord pas, dieu n’existe pas et rien ne nous empêchera de continuer notre chemin, pas même le mauvais sort du taximan d’hier. Seule notre volonté est mise à l’épreuve. Heureusement notre étape d’aujourd’hui est courte, juste soixante cinq kilomètres, nous devons nous arrêter à la station service appelée « gare du nord » car le lieu de bivouac suivant est bien trop loin pour le faire dans la journée. Nous profiterons donc de la fin de l’après midi pour observer les allées et venues des passagers en escale dans la station, camions de légumes marocains, bus reliant Nouadhibou à Nouakchott, revendeurs de voitures, tout le monde profite de cette escale en plein désert pour se dégourdir les jambes, manger, boire et prier. Le cyclo discute avec un français spécialiste de la revente de voitures au Mali. Il fut un temps où il en faisait venir plusieurs par bateau, il s’était enrichi de ce trafic et a tout flambé au casino. Aujourd’hui il vit sur cette route entre la France et le Mali, rapporte les voitures une par une et profite d’un niveau de vie moins cher dans  les pays traversés pour vivre. Sa résidence est devenue ce parcours, aujourd’hui la concurrence est rude et ce type de trafic ne rapporte plus autant. Repas du soir dans le restoroute, puis nous ne tardons pas à nous coucher. Une personne vient nous réclamer de payer la nuit dans la pièce commune dans laquelle nous avons posé nos couchages. Le cyclo lui répond que l’on verra ça demain, que pour aujourd’hui il est tard et qu’il va dormir. Dans ces stations on ne fait pas payer les gens de passage qui y dorment, ça sent l’arnaque !


DATE: 11 01 2011

LIEU
: POSTE DE GENDARMERIE NOUAMGHAR

KILOMETRES 126

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

GENDARMERIE
STATION GARE DU NORD - POSTE DE GENDARMERIE NOUAMGHAR

Un géant se prosterne à mes pieds, il est cinq heures et c’est l’heure de la prière. Il n’a pas trouvé mieux pour prier que de venir devant mon couchage, drôle d’impression au réveil que de voir une personne se prosterner à ses pieds. Petit déjeuner rapide, avant de partir nous achetons du pain car sur cette route de plus de quatre cents kilomètres c’est le seul endroit où nous pourrons le faire. Et à sept heures trente nous sommes sur nos vélos sans avoir payer notre nuit au petit escroc de la station. Un départ très matinal pour profiter au maximum de la fraicheur et des belles couleurs du soleil matinal. Premier contrôle de gendarmerie, numéro de passeport, nom, prénom, date de naissance. Pour traverser le Maroc et la Mauritanie, il est conseillé de faire une trentaine de photocopies du passeport car à chaque poste ça vous évitera d’attendre qu’ils remplissent leurs registres. Le gendarme est sympa, il est venu en France au GIGN pour se former et en garde un bon souvenir. Aujourd’hui le vent est tout autre, peu fort et dans le dos, il nous fait glisser sur la route et nous permet d’apprécier le paysage. Nous sommes remplis de bonheur car les moments pour lesquels le vent nous a été bien favorable tout au long de notre voyage peuvent se compter sur les doigts d’une seule main. Le paysage est magnifique, première grande dune de sable aux couleurs jaune et blanche, arbrisseaux chétifs, nous roulons dans un décor de carte postale. Quelques troupeaux de dromadaires sur le bord de la route ainsi que des tentes de nomades où nous nous arrêterons devant l’une d’elle pour acheter du lait de chamelle. La famille est au complet sous la tente, le cyclo serre la main aux hommes et avance sa main vers les femmes mais ici on ne serre pas la main à une femme. Terrible erreur ! En Mauritanie on  ne touche pas une femme. Il ne lui en sera pas tenu rigueur et nous pourrons déguster sous la tente le lait de chamelle. Notre hôte est un ancien guide sur le Paris Dakar, il nous montre des vieux Paris Match sur lesquels figure sa photo et il est fier de nous montrer les lettres de recommandation  de personnalités venues faire du 4X4 dans le pays. Nous finissons par quitter nos hôtes et filons toujours à bonne allure grâce au vent sur la route. Cette journée est vraiment merveilleuse, non seulement les paysages sont très beaux mais nous gardons le vent à notre avantage et cela jusqu’au soir où nous nous retrouverons dans un petit village de pécheurs où sèchent au soleil des poissons sur des cordes au bord de petites cabanes en bois et de khaimas. Au bout du village se tient un poste de contrôle de la gendarmerie et nous leur demanderons si nous pouvons camper avec eux. Pas de problème,  on nous demande même si nous avons à manger et on nous propose de partager le repas, le cyclo accepte. La tente est montée derrière le poste, nous sommes installés pas loin d’un tas d’ordures. C’est aussi le lieu où viennent se soulager tous les passagers des véhicules lors d’un contrôle, d’ailleurs les femmes viendront se soulager devant la tente du cyclo remarquant sa présence bien tardivement dans le noir. Coups de feu, on sursaute, que se passe t’il ? Les gendarmes viennent de tirer sur des chiens sauvages et l’un d’eux est touché, il va agoniser lentement mais ils n’iront pas achever la pauvre bête. Ici l’animal n’est rien, même les chèvres, les ânes et les dromadaires sont traités à la dure, pattes entravées, ils sont souvent battus assez cruellement. Nous nous endormirons de bonne heure en souhaitant que demain la providence nous offre le même vent que cette journée pour rentrer dans la capitale, Nouakchott.


DATE: 12 01 2011

LIEU
: NOUAKCHOTT

KILOMETRES 126

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

NOUAKCHOTT
POSTE DE GENDARMERIE NOUAMGHAR - NOUAKCHOTT

Les gendarmes ont déjà commencé leur service et contrôlent les véhicules. Leurs bagages et leurs passagers sont soigneusement examinés, on ne passe pas si facilement les postes de contrôle. Pour les habitants du pays, pas de carte d’identité, pas le droit de circuler. Il n’est que six heures et demie, dans une demi-heure le soleil va surgir à l’horizon. Plus grand chose à manger, les provisions commencent à s’épuiser, nous demandons au gendarme comme des « crève la faim » s’il n’aurait pas un peu de pain à nous donner et, part bonheur, il nous offre une baguette. Avec la boîte de thon qui reste on va pouvoir déjeuner, avoir le ventre plein ce n’est pas négligeable pour le chemin qu’il nous reste à parcourir. Nous quittons donc nos hôtes d’une nuit bien sympa malgré la cruauté envers les chiens, pour reprendre la route et ce qui sera pour nous notre ultime trajet dans le désert. Arrivés à Nouakchott ce sera la fin de plusieurs semaines difficiles, car la partie qui nous reste ensuite nous paraît quantité négligeable par rapport à ce que nous avons traversé. Ce dernier parcours est pour nous la délivrance d’une pression qui nous vient de France,  alors que sur le terrain nous ne nous sentons nullement en danger. Bien au contraire, la population ou les forces de sécurité nous réservent un accueil chaleureux et sont toujours plein d’attentions à notre égard. Le paysage a changé, une petite steppe aride avec un horizon lointain sans rien pour arrêter nôtre regard. De plus le vent souffle de nouveau dans la direction contraire, il s’amplifie au fur et à mesure de la journée pour finir de nouveau en tempête de sable, notre ultime épreuve risque d’être dure et longue car notre vitesse parfois ne dépasse pas dix kilomètres heure. Pour Irène, après l’étape d’hier de cent vingt six kilomètres, cela est bien dur mais malgré tout elle tient et garde un moral d’acier. Nous luttons contre le vent et le sable avec acharnement. Kilomètre après kilomètre Nouakchott se rapproche et, emmitouflés dans nos chèches, nous pensons déjà un peu à la fin de notre aventure. A midi nous nous arrêtons sur le bas côté de la route pour déjeuner, ce sera sardines vu que ce matin on a mangé du thon. Ca craque sous les dents, le sable qui vole se colle sur nos sandwichs et il faut bien fermer nos sacoches sinon elles se remplissent de sable. Un camping-car passe, c’est Eddy et Isabelle un couple de belges que nous avions vus à Nouadhibou. Ils s’arrêtent et viennent nous demander si nous avons besoin de quelque chose. Oui, de pain. Ils n’en n’ont pas beaucoup, nous l’offrent de bon cœur ainsi qu’un verre de rouge et un morceau de saucisson. OuaouH ! Le bonheur, du saucisson, incroyable avec un petit verre de pinard, que demander de plus pour nous donner du courage et finir notre route ? Merci Eddy et Isa, votre accent belge nous a fait sourire, une fois, mais votre geste nous a beaucoup émus. Nous allons pouvoir finir notre route avec l’énergie que vous nous avez fournie et d’ailleurs, juste après votre rencontre, le vent a commencé à tomber, tout nous a paru plus simple malgré la fatigue. Nous sommes enfin à Nouakchott, la pression tombe, nous nous arrêtons au premier bistrot et devant un coca on se détend. Le reste de notre parcours sera beaucoup plus simple jusqu'à Dakar, le plus dur est fait.



DATE: 13 01 2011

LIEU
: NOUAKCHOTT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

NOUAKCHOTT
NOUAKCHOTT

Les informations venant de France nous ont rendu soucieux pendant tout notre trajet jusqu'à Nouakchott, mais ici vraiment aucun problème. La population est accueillante, bien loin des images que la presse ou la télé et les mises en garde du ministère des affaires étrangères diffusent, rien que des bonnes intentions à notre égard. Ici on trouve de l’or dans le désert, du gaz et du pétrole dans la mer, qui aurait intérêt à diaboliser un pays aussi chaleureux ? Quelle serait l’entreprise qui convoiterait ces nouvelles richesses ? Faut il laisser tranquille Total qui fait des forages dans le désert ? Diabolise t-on un pays pour venir plus facilement exploiter ces trésors ? Bien sûr, la Mauritanie est une république islamique mais rien à voir avec l’islam d’autres pays, pas d’extrémistes parmi la population qui a bien d’autres soucis en tête, notamment celui de pouvoir manger à sa faim tous les jours. Supprimer les revenus que représentent le tourisme ne la favorise pas à vivre. Partez tranquilles sur les routes de Mauritanie, il n’y a rien à y craindre, juste d’y faire des rencontres sympathiques et de goûter à l’hospitalité de la population qui est formidablement chaleureuse. Pour le moment nous nous sommes posés à l’auberge « Sahara », lieu de rencontre de tous les routards, en chambres ou sous la khaima. C’est sympa, sauf les moustiques qui nous assaillent dès la tombée de la nuit, impossible de dormir sans moustiquaire sans se faire dévorer, mais pour mille huit cents ouguiyas le coin est vraiment bon. Nous sommes bien fatigués des semaines passées dans le désert et nous décompressons, ce sera une véritable journée de repos à ne rien faire, juste relâcher la pression et rassurer par internet nos proches inquiétés par une émission de Fance2 (envoyé spécial) loin de la réalité sur la Mauritanie. En fin de journée nous téléphonons à Yazid, un proviseur du lycée français de Nouakchott. Nous l’avions rencontré à Dakhla où il était venu passer le jour de l’an avec d’autres professeurs, et lui étant aussi un cyclo-randonneur par le passé, il nous avait proposé de venir chez lui une fois à Nouakchott. Il nous rejoint donc à l’auberge pour nous proposer de venir ce soir au restaurant et à partir de demain de nous héberger chez lui. Fin de journée, voici Yazid qui passe nous prendre et nous allons dîner ensemble dans un restaurant italien. Sont présents avec nous monsieur Haydara, organisateur du marathon de Nouadhibou auquel a participé Yazid et d’autres professeurs du lycéen français de Nouakchott. Monsieur Haydara est diplômé en physique, a fait ses études en Russie et en France. Grand intellectuel, il connait bien notre pays et nos hommes politiques, mieux que nous-mêmes. Nous l’écoutons pendant tout le repas, on sent chez lui un grand amour de notre pays, il est bien au fait de l’actualité politique et culturelle. En une phrase, pour résumer ce que nous ressentons dans ses propos, c’est la France on l’aime et on  ne veut pas qu’elle nous quitte, mais malheureusement notre politique étrangère depuis quelque temps ne va pas dans ce sens. En fin de soirée yazid nous raccompagne à l’auberge « Sahara », demain matin il passe nous prendre pour nous héberger chez lui et nous faire visiter Nouakchott.


DATE: 14 ET 15 01 2011

LIEU
: NOUAKCHOTT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

NOUAKCHOTT
NOUAKCHOTT

Le cyclo a une tête bien gonflée ce matin, il n’y avait plus de moustiquaire pour passer la nuit et les moustiques en ont profité pour faire des ravages. Les yeux gonflés et le visage boursouflé  il va en face de l’auberge dans une épicerie prendre du pain. Pour quelques ouguiyas de plus on nous le beurre, on peut même se faire rajouter de la confiture ou du chocolat, un service bien agréable. Il reste juste à se faire chauffer le café, les tartines sont prêtes. Yazid passe à dix heures et nous le suivons avec nos vélos jusque chez lui. Irène ira dormir chez Christine, une prof d’histoire du lycée, nous serons donc séparés pour notre séjour à Nouakchott. Aujourd’hui c’est vendredi, jour chômé ainsi que le samedi en Mauritanie, donc les profs ont organisé un pique-nique dans la ceinture dunaire de Nouakchott. Un khaima est dressé  entre les dunes pour se protéger du soleil, chacun a apporté de quoi manger et boire et on partage le moment tous ensemble. Il y a de nombreux profs du lycée ainsi que monsieur Haydara, les discussions vont bon train. La curiosité est portée sur leur mode de vie en Mauritanie. Pour eux la vie a l’air de bien s’y passer dans Nouakchott, ils ont une vie tout à fait normale malgré l’éloignement du pays. Leurs seules contraintes ce sont leurs déplacements, ils doivent se signaler à l’ambassade quand ils voyagent à l’intérieur de la Mauritanie depuis que la France a mis l’ensemble du territoire en zone rouge. Après le repas une balade dans les dunes nous permet de trouver des morceaux de poterie datant du paléolithique, prouvant la présence de l’homme depuis bien longtemps dans la région. En fin  de journée Yazid et Séna, ah oui je ne vous ai pas parlé de Séna qui est la compagne de Yazid : il l’a rencontrée au Venezuela lors de son séjour à vélo en Amérique du sud, comme quoi un voyage à vélo peut réserver bien des surprises. Donc avec Yazid et Séna nous quittons les dunes pour visiter le port de pêche de Nouakchott et voir l’arrivée des pirogues et la vente du poisson. Puis nous raccompagnons Irène chez Christine et avec Yazid nous partons nous détendre au hammam. Sorti des bains on se sent très détendu, le repas et une nuit de sommeil, notre séjour à Nouakchott est vraiment des plus agréables. Yazid, Séna et Christine font le maximum pour que nous soyons le mieux possible, vive la solidarité des cyclo-randonneurs.


DATE: 16 01 2011

LIEU
: NOUAKCHOTT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

JEREMY
NOUAKCHOTT

Le bus que nous devons prendre est à dix heures, c’est dimanche et Yazid doit aller travailler. Eh oui, ici le dimanche n’est pas un jour chômé. Il nous accompagne donc chez Christine pour rejoindre Irène afin de nous rendre ensemble à la gare routière. Ce sont de tous petits bus d’une quinzaine de places dans lesquels on y charge les bagages sur une galerie. Ils sont neufs et bien confortables. Dix heures, le bus est plein et démarre, nous regardons le paysage et après quelques kilomètres nous constatons que le bus prend la même route que celle par laquelle nous sommes venus. Là il y a un problème, on nous ramène sur Nouadhibou ! Le cyclo va vite voir le chauffeur. On a demandé des billets pour Atar, pas pour Nouadhibou, on va ou là ? Le chauffeur confirme, nous sommes bien en direction de Nouadhibou. Le vendeur qui ne parle pas bien le français n’a rien compris à notre demande et nous a fourni des tickets sans chercher plus loin, d’autant plus que sa compagnie ne dessert pas Atar. Nous voilà donc mal partis, nous refaisons le chemin déjà parcouru en vélo, mais le chauffeur va nous arranger ça et nous replacer dans la navette qui fait le chemin en sens inverse. Mais cela pas avant la station « gare du nord », donc nous allons faire deux cents cinquante kilomètres dans un sens puis retour à la case départ. De retour à Nouakchott on nous rembourse les billets et on nous dirige vers la bonne compagnie qui desserre Atar. Les billets sont pris pour demain matin sept heures. Pour ce soir nous irons de nouveau à l’auberge « Sahara » afin de ne pas déranger Yazid et Christine avec l’horaire matinal de notre départ. A notre arrivée devant l’entrée de l’auberge, nous remarquons une personne nettoyant des chaînes de vélo. Surprise ! Ce sont Jérémy et Claire, les cyclos que nous poursuivons depuis un mois et demi. Enfin nous nous trouvons et le contact est chaleureux, notre mirage est enfin devant nous, la providence nous a réunis, nous à cause d’une erreur de bus et eux à cause d’une casse sur leur vélo. Ils sont accompagnés de Marteen, un autre cyclo d’origine hollandaise et ce soir c’est lui qui fait la cuisine et nous offre un très bon couscous improvisé. Tous ensemble autour de la table on se raconte nos aventures, eux ont céder à la pression et n’ont pas fait la route Nouadhibou Nouakchott et le regrettent un peu. Jérémy aura  lui la meilleur anecdote de la soirée, celle d’un conducteur de 4X4 en plein désert qui lui demande de l’eau. Avec son véhicule pas de problème il lui suffirait de parcourir quelques kilomètres et il en trouverait, mais bon Jérémy lui donne ce qu’il lui reste d’eau et avec, le conducteur nettoie son pare-brise ! Celle-ci fera bien rire tous les cyclistes qui ont traversé le désert et en connaissent la difficulté. Jérémy et Claire, qui reviennent d’une randonnée sur la région d’Atar, ont aussi un guide à nous proposer. Ils lui téléphonent pour que nous prenions rendez-vous avec lui afin de déterminer ensemble notre projet de randonnée. Encore une chose que la providence arrange pour nous, notre mauvaise aventure avec le bus de ce matin finit donc très bien. Ce ne devait pas être aujourd’hui que nous devions arriver à Atar, de plus vers minuit un sixième cycliste arrive à l’auberge. Alors là, concert de dérailleurs, nous sommes plusieurs fous, heureux chacun de nos aventures. Bonne route jusqu'à la Réunion Jérémy et Claire ! Nous avons passé une excellente soirée ensemble et bonne route aussi à Marteen qui, lui, exerce la profession de psychiatre et peut donc confirmer que nous ne sommes pas fous.


DATE: 17 01 2011

LIEU
: ATAR

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

ATAR
NOUAKCHOTT -ATAR

Irène réveille le cyclo, il est six heures, un déjeuner rapide et nous voilà avec nos bagages sur le bord de la route afin d’appeler un taxi. Un mauritanien nous voit, nous ne sommes pas très doués pour héler un véhicule, il vient à notre secours et règle l’affaire pour nous rapidement. Pour cinq cents ouguiyas, nous voilà en route vers la gare routière distante de quelques kilomètres. Arrivés à la station, le bus est là, prêt à charger bagages et passagers. Nous donnons mille ouguiyas à notre chauffeur de taxi qui nous a rendu de multiples services avec nos bagages. Il repart, un grand sourire aux lèvres, content du pourboire. Nous remplissons les formalités à l’intérieur des bureaux de la compagnie, préparons des fiches de renseignements pour les contrôles de gendarmerie sur la route : nom, prénom, date de naissance et numéro de passeport. Le bus démarre enfin pour six heures de route et plus de quatre cents kilomètres, nous sommes encore dans un minibus, entourés de la population locale. Ces petit bus sont bien plus confortables que les grands et bien plus fiables. A choisir en priorité pour voyager à travers la Mauritanie. Pour Atar, la compagnie El Moussavir est très sérieuse, la preuve, la personne qui ma vendu les billets la veille me téléphone à l’heure du départ pour savoir si j’ai bien trouvé la station et mon bus. Les paysages sont au début très désertiques, herbe sèche et acacias. C’est seulement quelques kilomètres avant Atar que nous le voyons se modifier, la montagne remplace la plaine, la route sillonne en suivant l’oued, les formes déchiquetées et les couleurs nous laissent sans voix. Impossible de prendre des photos à travers la vitre, il faut profiter de ce que l’on voit et graver ça dans notre mémoire. Le voyage au centre de la Mauritanie commence bien. A la gare routière d’Atar notre guide est là. Il se remarque très vite, un grand, presque deux mètres, vêtu de son bazin bleu. Il nous prend en charge de suite, nous amène dans une maison à l’intérieur de la ville. Nous discutons du prix, cent cinquante euro par personne pour trois jours, nourriture et chamelier plus cuisinier compris. Il nous demande ce que nous voulons voir et file en ville faire les achats pour notre séjour. Des boissons fraîches sont là pour que nous patientions, nous sommes déjà choyés dès notre arrivée. Trois quart d’heures plus tard, le voilà de retour avec un taxi, une vieille Mercédès dans laquelle nous nous retrouvons à six pour faire soixante dix kilomètres de piste, afin de rejoindre le camp de notre chamelier. Cinq tentes nomades où nous passerons la nuit, mais d’abord on nous offre du lait de chèvre en signe de bienvenue afin de patienter avant le repas du soir. Nous sommes de suite bien installés, mis dans l’ambiance, nous faisons connaissance de notre chamelier, El Wen, un visage marqué par le soleil du désert, toujours le sourire et il y a aussi Medhi qui sera le cuisinier, le plus jeune mais lui aussi très sympathique. Après le repas ce sera la veillée, elle n’est pas organisée spécialement pour nous, ce sont les habitudes du campement. Les femmes vont chanter en s’accompagnant d’un jerrican d’essence comme tambour, ce sont des joutes oratoires où les jeunes hommes sont chargés de réciter des poèmes pour séduire les femmes. C’est la boîte de nuit nomade, lieu de séduction de la jeunesse où tourne le thé, c’est rempli de rires, on aime bien les petites moqueries et les taquineries. Nous partons avant la fin du concert et notre sommeil sera bercé par les voix des femmes, les chants sont doux et bien agréables à entendre.


DATE: 18 01 2011

LIEU
: ATAR

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

ATAR
DANS LE DESERT

Hier, Ahmed notre guide, nous a informé qu’il avait un rendez-vous important avec la Ministre du Tourisme et le Préfet de la région à Chinguetti, cela afin d’organiser un festival des villes anciennes de Mauritanie en février, et pour parler aussi de la situation désastreuse du tourisme due à la déclaration par la France de la région en zone rouge. Nous ne voulons pas aussi le gêner dans sa tâche de représentation des guides, et lui aussi ne veut surtout pas que nous soyons lésés dans notre circuit. Il nous offre donc une journée de plus dans le camp en compagnie des nomades. Nous pourrons à notre aise voir leur mode de vie et leur travail quotidien. On se réveille tôt dans le camp, il y a d’abord les chèvres à traire puis la conduite du troupeau aux pâturages. On sépare les chevreaux de leur mère pour que ceux-ci, trop jeunes, puissent rester au camp afin de les préserver des prédateurs. Seulement après cette tâche on prend le déjeuner avec le lait de ces chèvres et du thé, puis à chacun ses occupations. L’eau à rapporter du puits, distant de quelques kilomètres, avec l’aide des ânes, on tresse des cordages pour entraver les bêtes, la provision de bois pour la cuisine, les préparatifs du repas du midi. Les enfants aussi sont mis à contribution dans les tâches journalières. Il y a aussi la fabrication du beurre à l’aide d’une peau de chèvre que l’on agite, la semoule de couscous que l’on tamise, les chameaux que l’on rassemble. Nous ne sommes pas dans un travail de production  intensif mais dans des travaux du quotidien leur permettant de vivre. Ils vendront quelques chèvres pour acheter sucre, thé, huile et farine, juste le nécessaire pour leur survie. On chante en exécutant  ces corvées, sont-il heureux ? Leur vie nous semble dure, elle se résume aux tâches quotidiennes. Pour nous occidentaux, qui sommes dans un système de consommation, pourrions nous nous contenter de ça ? Surement pas, trop habitués à notre confort où il nous suffit de tourner le robinet pour avoir de l’eau, de remplir son caddie pour manger, de téléphoner pour prendre rendez-vous avec son médecin et se soigner. Pour eux, l’eau c’est plusieurs kilomètres à faire, manger c’est un troupeau à surveiller, quant au médecin les moyens leur manquent malgré la présence d’un dispensaire espagnol à Chinguetti. Ils souffrent de maladie de peau, de mal de tête et de dos, ils chantent, sont-ils heureux ? Et nous ? Dans le camp les liens sont étroits, la solidarité y est de mise, on vit ensemble et on partage tout. Le voisin aussi fait partie de la famille, on se prête des chèvres pour le lait, s’il y a à manger chez l’un l’autre peut venir, pas d’exclusion, on vit en communauté. A cinq heures, Ahmed est de retour, content des échanges avec la ministre. Il a pu parler des grosses difficultés que le tourisme rencontre en ce moment, les gens de la région ne comprennent pas qu’elle soit en zone rouge alors que le coin est sans problème d’insécurité, mais les autorités mauritaniennes pourront-elles faire quelque chose ? La solution c’est plutôt la France qui la détient en réhabilitant cette zone. Ce soir après le couscous, ce sera encore le chant des femmes sous la khaima. Elles aiment taquiner les hommes afin qu’ils leur déclament des poèmes, sont-ils heureux tous ensemble à partager le thé sous la tente ?


DATE: 19 01 2011

LIEU
: ATAR

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

ATAR
DANS LE DESERT

Mehdi, notre cuisinier, nous a déjà préparé notre déjeuner. Quant à El Wen, le chamelier, il est parti récupérer les bêtes qui vont nous accompagner. Il est tout juste sept heures, notre nuit fut bonne sous la khaima en compagnie de toute la famille de El Wen, ainsi que de Mehdi et Ahmed. Les femmes sont déjà à la traite des chèvres, le cyclo aura droit à sa calebasse de Zrig (lait de chèvres, eau et sucre). Une fois les chameaux chargés, nous partons en direction du puits faire le plein d’eau pour notre randonnée, nous chargerons plusieurs bidons bien nécessaires dans le coin. Nous sommes au départ dans un reg où la végétation est abondante grâce aux pluies de cette année qui furent exceptionnelles. Acacias, jujubiers et une multitude de petites plantes y poussent, un délice pour les chèvres et les chameaux. Les bergers ont de quoi nourrir le bétail. La plupart des plantes qui  poussent ici sont des épineux, donc gare aux pieds, il n’est pas bon de s’y frotter. Mais pour les chèvres et les chameaux, ces épines ne les gênent nullement. En route nous ramasserons le bois qui nous servira pour la cuisson des repas que Medhi se charge de nous faire, et aussi le thé car on en boit souvent et il est très bon  et très sucré, donc attention au diabète ! A partir d’une vingtaine par jour, ça devient critique surtout qu’ici on nous sert trois thés à chaque fois et c’est toute une cérémonie quant à sa préparation. Je crois que le cyclo en est accroc mais c’est surtout le temps de sa préparation qui permet le dialogue et la convivialité. Les premières grandes dunes sont devant nous et nous allons nous y arrêter pour y passer la nuit, après c’est l’oued qui se profile avec son humidité et sa fraicheur. Nous  ne sommes pas loin d’un campement de nomades, mais nous n’irons pas les voir ce soir afin  d’éviter leur hospitalité. El Wen nous prépare le pain de sable, le cyclo en avait rêvé, il avait entendu d’autres voyageurs en parler et voilà que c’est fait. La farine mélangée à l’eau et à la levure sera cuite dans le sable recouvert de braises, un vrai délice que nous gouterons tout chaud sorti du sable. Sous les grandes dunes, dans nos sacs de couchage, il ne nous restera plus qu’à nous endormir en regardant la lune voilée par les nuages, première journée dans ce désert où les silences ont autant d’importance que les mots.


DATE: 20 01 2011

LIEU
: ATAR

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

ATAR
DANS LE DESERT

Les nuits sont froides dans le désert et tout particulièrement dans les dunes où le sable restitue son humidité, le soleil se lève doucement et colore le sable. El Wen est déjà debout, il a fait sa prière et a déjà allumé le feu pour chauffer le thé. On nous grille le pain sur les braises, le cyclo se lève pour déjeuner près du feu et se réchauffer. Reste à récupérer les chameaux qui sont entravés aux pattes avant pour ne pas trop s’éloigner du campement dans la nuit. Nos bagages sont de nouveau sur les bêtes, il ne reste plus qu’a suivre Ahmed  qui va nous conduire vers l’oued. Mais avant il faut passer devant le camp de nomades, les voisins de notre nuit. Après les formules de politesse très longues, on se fait copieusement engueuler ! Ca ne se fait pas de pas venir au camp, de dormir à côté sans passer nous saluer, et l’hospitalité vous en faites quoi ? Ils nous offrent tout de même une calebasse de lait de chèvre qu’ils viennent de traire et nous rejetons la faute sur notre chamelier qui est à la traîne. Ce sera lui qui à son tour se fera copieusement incendier. Nous poursuivons notre chemin jusque dans l’oued pour rejoindre une palmeraie où nous ferons étape pour manger. L’endroit est fantastique, on y fait pousser des légumes à l’ombre des dattiers, la fraîcheur y est la bienvenue après la marche. Petit tour au village pour compléter nos provisions, Ahmed achètera ce qui nous manque à l’étal d’une femme, micro boutique qui lui permet de gagner quelques ouguiyas. Tourisme équitable où notre argent est distribué aux plus défavorisés. Ahmed privilégie les commerçants les plus démunis. Nous sommes loin des grands voyages clés en mains installés dans les pays à faibles coûts salariaux et vendus par les comités d’entreprise et leurs délégués syndicaux. Nous achetons à un berger un chevreau vivant, El Wen et le cyclo se chargeront de préparer la viande pour la transporter durant la suite du voyage. Repas fini dans l’oasis, nous ferons une sieste enchanteresse sous le bruissement des feuilles de palmiers. Le « téléphone arabe » a marché, pendant notre sommeil les femmes ont installé boutique, colliers et bracelets, boîtes à bijoux et pipes à tabac, tout l’artisanat local. Deux touristes sont là, il faut en profiter ! Les prix sont bradés depuis la déclaration du lieu en zone rouge, plus personne ne vient, au désespoir de ceux qui pouvaient vivre du tourisme. Après avoir effectué quelques achats, nous reprenons notre chemin, il nous faut suivre Ahmed qui, avec ses grandes jambes, glisse sur le sable avec facilité. Il nous conduit de l’autre côté de l’oued sur les plus belles dunes, pour monter le campement de la nuit. Ses chameaux sont libérés de leur chargement, entravés aux pattes avant, ils iront divaguer dans le désert à la recherche de nourriture. Le feu est allumé, le chevreau sera cuisiné, il ne nous reste plus qu’à méditer sous le soleil couchant. El Wen prépare le pain pour demain, la pâte enfouie dans le sable, elle cuira doucement à la chaleur des braises. Nos compagnons font leur prière, respect de chacun en ses croyances, le lieu incite à la tolérance. Nous ne sommes qu’à quelques kilomètres de Chinguetti, septième lieu saint de l’islam, bibliothèque des savoirs, la Mauritanie n’est pas le repaire d’islamistes comme les télévisions françaises voudraient nous le faire croire. Nuit sous les étoiles, vraiment avoir poussé notre voyage jusqu’ici n’a pas de prix.


DATE: 21 01 2011

LIEU
: CHINGUETTI

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

ATAR
DANS LE DESERT - CHINGUETTI

Le contraste est saisissant entre les journées torrides sous le soleil et les nuits glacées. On se réveille transis de froid.  Hier soir El Wen avait enfouit la tête du chevreau sous le sable et la braise, nous la déterrons pour la déguster au petit déjeuner accompagnée d’un thé. Irène restera prostrée dans son duvet en attendant que nous ayons terminé notre festin. Même cérémonial que les matins précédents, après la prière notre chamelier ira chercher les bêtes qui se seront éloignées et les chargera de nos bagages et des réserves d’eau. Puis ce sera la marche en direction de Chinguetti,  ville au patrimoine de l’Unesco. La ville est partiellement en ruines et engloutie sous le sable, de nombreuses boutiques de souvenirs sont fermées, pas de touristes, plus d’affaires à faire. Les auberges sont vides, celle du Maure Bleu ne fait pas exception, on y prendra même un thé pour constater que le lieu est vide alors que l’auberge nous paraît des plus agréables. Nous cheminons à travers les ruelles de Chinguetti et petit arrêt chez le boulanger pour le voir sortir ses pains d’un vieux four à bois. D’ailleurs à l’époque du Paris-Dakar, quand le rallye passait par là, il le fournissait en pain. Visite d’une des vieilles bibliothèques où sont entreposés de très vieux ouvrages, traitant d’astronomie, de mathématiques et bien sûr de religion. On lutte pour la conservation de ces ouvrages, certains ont été dévorés par les mites, quel malheur de voir disparaître de si belles œuvres. Certains sur parchemin ou peau de chèvre. Le conservateur de la bibliothèque est prolixe en paroles, il aime nous faire découvrir les objets de la vie quotidienne de l’époque. Nous nous dirigeons vers la nouvelle Chinguetti et, sur notre chemin, Ahmed nous fait rencontrer Jacques, un français qui vit ici. Il n’y a pas longtemps, les journalistes de l’émission « envoyé spécial » sont venus l’interroger. Il n’est pas heureux que ses paroles aient été partiellement tronquées. Il vit ici, intégré à la population, partant seul parfois faire des balades de plusieurs jours dans le désert. Nous le voyons saluer les habitants comme un des leurs, il se sent en toute sécurité là où il a choisit de vivre. El Wen nous a quitté avec ses chameaux pour regagner son campement, il nous prête sa maison pour y manger et passer la nuit. Mais Irène est fatiguée et les quatre jours avec le minimum de confort et d’hygiène commencent à lui peser. Ahmed appelle donc un taxi, la vieille Mercédès, reine du désert, nous fera regagner Atar, 90 km heure sur la piste avec sept passagers à l’intérieur. Les moindres secousses font voler la poussière, la chèche est indispensable à l’intérieur de la voiture et le fait d’être à sept occupants nous occasionnent de belles courbatures. Enfin Atar, il était temps, le cyclo a les jambes ankylosées. Vite, il faut sortir de la voiture pour se dégourdir. Nos visas se terminent le 22, mais Ahmed peut nous arranger ça. Quelques billets à la police locale et nous pouvons récupérer quelques jours de plus dans le pays. Visite rapide du cyclo dans Atar et là aussi même constat, les touristes n’y sont pas. Après le repas, le cyclo ira se coucher sur la terrasse. Dans la ville, on entend encore des chants des nomade et, la tête face aux étoiles le sommeil viendra vite, heureux de cette balade dans les dunes.


DATE: 22 01 2011

LIEU
: NOUAKCHOTT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

ATAR
ATAR - NOUAKCHOTT

Quatre heures du matin, Ahmed s’est trompé d’heure, il nous réveille une heure trop tôt. Le bus n’est qu’à huit heures et demie et il ne nous faut qu’un quart d’heure à pied pour rejoindre la station. Irène est en pétard, on lui a volé du sommeil, elle n’arrêtera pas de chambrer Ahmed sur cet incident. Huit heures et demie, le bus part de la gare routière, minibus de 18 places, les bagages sont posés sur la galerie, il fait chaud à l’intérieur et l’espace est restreint. Nous voilà partis pour quatre cent cinquante kilomètres de route pour une durée de six heures. Un seul arrêt est prévu, Ahmed qui retourne chez lui à Nouakchott nous offre le thé. Sur la route, il nous faut encore passer les nombreux contrôles de police et de gendarmerie. A chaque contrôle, nous fournissons une fiche sur notre identité et, pour les mauritaniens, la carte d’identité est exigée. A la sortie d’Atar jusqu’à Terjit, les paysages sont fantastiques, montagnes ressemblant à celles de l’Arizona et oasis. Le reste du parcours ne sera qu’une suite de désert plat où survivent quelques villages et quelques maisons isolés. Nous croiserons sur la route un convoi de camping-cars français, ils roulent en direction d’Atar accompagnés par une voiture de la gendarmerie. Enfin Nouakchott, plus tôt que prévu, le chauffeur a roulé vite et les contrôles n’ont été que partiels. Nous sommes donc en avance sur notre horaire, Ahmed nous propose de venir manger chez lui. Sa maison est modeste mais sa porte est grande ouverte. Nous sommes au cœur d’un quartier populaire. Quand le cyclo lui posera cette question : »Ahmed, pourquoi habites tu ici ? », Il lui répondra : « Je préfère être quelqu’un parmi les pauvres qu’être personne parmi les riches ». Yazid, qui a prévu notre retour, est déjà à la gare routière et nous attend. Il nous téléphone pour savoir où nous nous trouvons, nous prenons donc un taxi pour le rejoindre et prenons congé d’Ahmed mais, auparavant, nous lui proposons de l’inviter demain au restaurant. Nous retrouvons avec plaisir Séna, Yazid et Christine, nos hôtes de Nouakchott, toujours aux petits soins avec nous. Nous finirons la journée en compagnie de Yazid au sauna, un bon moment de détente avant le repas et une nuit réparatrice.


DATE: 23 01 2011

LIEU
: NOUAKCHOTT

KILOMETRES REPOS

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

TIGHENT
NOUAKCHOTT

Dimanche. Pour Yazid c’est une journée de travail, en Mauritanie seuls le vendredi et le samedi sont chômés. Il nous laissera donc seuls la journée et nous en profiterons pour traîner en ville avec le vélo. Pas de problème avec la population de Nouakchott, il n y a  que les voitures qui sont des dangers. Le cyclo passera sa journée à discuter aux terrasses des cafés pendant que moi, j’essaierai de combler le retard sur la mise à jour du site car depuis quelque temps il est de plus en plus difficile de trouver un moment propice pour écrire. Reste en fin de journée à trouver un cybercafé où nous pourrons lire nos mails et transférer nos photos. En fin de journée, nous retrouverons Ahmed, Séna, Yazid, Christine et Irène. Dernière soirée à Nouakchott, nous la passerons au restaurant, il sera difficile d’en trouver un ouvert car la plupart font grève depuis qu’on leur a imposé une nouvelle taxe. Nous présentons Ahmed aux autres afin qu’ils puissent, si l’occasion se présente, recommander un guide de qualité et d’une grande valeur morale. Demain ce sera la route vers le Sénégal, Yazid nous a montré le chemin pour ressortir de Nouakchott, ils auront tout fait pour rendre notre séjour des plus agréables. Tous ces efforts ne nous ont pas laissés indifférents, encore merci, notre étape fut des plus chaleureuses. Le vélo a été nettoyé, les sacoches rangées, tout est prêt pour demain.


DATE: 24 01 2011

LIEU
: TIGUENT

KILOMETRES 106

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

TIGHENT
NOUAKCHOTT - TIGUENT

Voilà, on se dit au revoir. Merci Yazid, merci Séna. Il nous faut passer chercher Irène chez Christine. Quelques retards dus à la circulation, Irène nous attend déjà, elle voudrait passer à l’auberge « Sahara » afin de profiter de leur wifi, mais elle se trouve à l’opposé de notre direction et il nous aurait fallu parcourir six kilomètres supplémentaires. La sortie de la ville n’est pas aisée, beaucoup de circulation, voitures et camions. Nous passons devant le palais présidentiel et la vieille mosquée. Dix kilomètres de banlieue interminable puis, enfin, le désert. Quelques petits villages et des dunes parsemées d’acacias. Le paysage n’est pas formidable. Pour une fois le vent nous est quand même favorable. Sur le chemin il y a beaucoup d’enfants mais ici, on ne sait pourquoi, à notre vue ils se sauvent en courant. Déjà Tiguent, il n’est que cinq heures et nous avons parcouru les cent six kilomètres. Ahmed nous a donné l’adresse d’une auberge « chez Touti », nous trouverons facilement. C’est juste une tente et derrière quelques chambres en dur. Ici nous pouvons manger et dormir pour cinq mille ouguiyas. Les gendarmes ont été prévenus de notre présence par l’aubergiste. Ils passeront nous voir pour prendre des informations sur notre identité et pour surveiller le coin durant notre sommeil. La ville sent déjà le Sénégal tout proche, quelques vendeurs de lunettes de soleil et de montres sillonnent la rue principale. Moins de Mercédès, la R21 Névada la remplace, la rue est un immense capharnaüm, en face se trouvent les abattoirs et les animaux divaguent. Demain ce sera notre dernière journée dans ce si beau pays qu’est la Mauritanie. Aucun regret d’avoir bravé les interdits, bien au contraire cette contrée restera pour le cyclo la plus belle des découvertes.


DATE: 25 01 2011

LIEU
: M'BAGAM

KILOMETRES 115

TEMPERATURE:32

ALTITUDE:

ROSSO
TIGUENT - ROSSO - M'BAGAM

Voilà, ce seront les cents derniers kilomètres en Mauritanie. Nous nous réveillons de bonne heure, le déjeuner sera vite englouti. Nous remontons sur nos vélos, malgré le vent favorable c’est avec lenteur que nous avançons vers le Sénégal, un peu comme si la Mauritanie nous « retenait en otages », otages de sa chaleur humaine et de ses paysages. D’ailleurs, pour le dernier parcours, nous serons gâtés, les dunes sont magnifiques avec leurs couleurs, passant de l’ocre au blanc, parsemées d’acacias, la végétation devient de plus en plus dense. Tout le long de la route il y a de nombreux villages, bâtisses de tôles ou petites maisons en parpaings, parfois quelques kaimas. Les couleurs des toits sont vertes ou bleues. A notre passage, les habitants nous saluent, les enfants, eux, restent en retrait, sauf à un moment où le cyclo s’est trouvé à la sortie d’une école et là, il s’est fait encercler par une cinquantaine de gamins qui voulaient tous lui serrer la main et le chahuter. Il a fallu foncer pour se dégager, ce fut une belle course poursuite sur la route. Le repas sera pris à l’ombre des acacias, très vite nous ne serons plus seuls, les habitants du coin ne perdent pas l’occasion  de venir discuter avec les étrangers de passage. Après le repas nous reprenons la route toujours sur le même rythme et c’est là que nous croisons le raid en 4X4 Budapest-Bamako. Ils s’arrêteront pour nous photographier et nous saluer, étant impressionnés par notre périple. Les derniers kilomètres seront pénibles, la route se transformant en « tôle ondulée » ou parfois disparaissant dans le sable. Il nous faut faire vite, nous avons trop traîné. Le dernier bac pour traverser le fleuve Sénégal est à 18 heures, nous y parviendrons tout juste, cela nous évitera les contrôles de douane trop longs. Par contre, concernant l’achat des tickets d’embarquement, ce sera l’arnaque car on nous obligera à en acheter cinq pour un poids total de 250 kg ! Pas sûr que le vélo atteigne ce poids ! De l’autre côté du fleuve on nous attend, quelques habitants de M’Bagam sont venus nous accueillir avec des pancartes. C’est sur le bord de cette frontière que le cyclo fera la connaissance de Fatou et de Fadima. Elles seront nos guides pendant notre séjour au Sénégal. Il nous reste quelques kilomètres pour rejoindre M’Bagam, première étape dans ce nouveau pays.